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Remarquons ici, avec l’aul Carié, que Maurice est l’un des pays les plus peuplés du monde : 200 habitants par kilomètre carré.

Les créoles français des Mascareignes, Bourbon et Maurice, sont remarquables par leur résistance, leur vigueur, leur stature, leur belle santé, leur sobriété, leur renom de large et généreuse hospitalité. Toutes ces qualités évoquent l’idéal de l’ancien gentilhomme de France. Très douée pour les arts et la musique, la Mauricienne a la religion du devoir domestique et de l’amour maternel. Elle est femme d’intérieur au premier chef.

La métropole a été très généreuse pour Bourbon, qu’elle a dotée d’un port, creusé de ses propres deniers ; elle a étendu ses libertés politiques et son autonomie, et surtout a fait les plus grands sacrifces pour son instruction [)ubiique. Saint-Denis a été doté d’un lycée de touL preinier ordre, d’où sont sortis et sortent, sans cesse, des pléiades de Bourbonnais, appelés à occuper dans la métropole les plus hautes situations : à l’Institut, au Collège de France, au Parlement. On peut aussi dire que le Lycée de la Réunion est devenu la pépinière des administrateurs coloniaux et même des gouverneurs français. Vis-à-vis de Bourbon, Maurice demeure dans des conditions réelles d’infériorité au point de vue de l’instruction. D’autre part, le Mauricien n’a aucun avenir national possible. Heureusejjnent il a su conserver les vertus et maintenir l’énergie de ses ancêtres et finalement compenser, par ses qualités pratiques et son amour du travail, l’infériorité de sa situation politique.

Cette fâcheuse situation cessera du jour où les deux îles étroitement liées par leur situation géographique et leur histoire, seront de nouveau rassemblées sous le même drapeau. Elles se complètent, en effet, mutuellement ; elles se prêteront, dans la suite, un appui matériel et moral profitable aux progrès harmonieux de l’avenir.

Nous ne pouvons citer ici les nombreux Mauriciens qui, malgré les obstacles apportés à leur instruction normale dans l’île, sont parvenus à des notoriétés diverses. Il importe toutefois de signaler que les huit journaux publiés à Maurice sont tous rédigés en français par des écrivains de réelle valeur. Ces journalistes contribuent largement à maintenir dans l’île les