l’Étoile, consacrant, pour les générations à venir, l’une des pages les plus belles de la France maritime.
Le 29 novembre 1810, une flotte anglaise de 76 voiles débarquait 12 000 hommes à l’Île de France. Défendue seulement par 900 hommes de troupes régulières et 3 000 volontaires levés à la hâte, la capitale tint pendant trois jours : finalement, Decaen fit accepter une capitulation en dix articles rédigée par lui-même et signée le 3 décembre sans discussion. Ce fut, dit Napoléon, la plus belle des capitulations jamais obtenues (pas de prisonniers, honneurs militaires à la garnison, respect absolu aux propriétés, lois, religion, langue et coutumes des Mauriciens).
En résumé, « le drapeau seul changeait et tout restait en l’état. » Decaen avait voulu faire insérer dans la capitulation une clause d’après laquelle la colonie serait obligatoirement restituée à la France à la signature de la paix. Ce fut Bourbon, comme on sait, qui bénéficia seule de cette faveur. L’Île de France n’appartenait plus à la France, et le traité de Paris (1814) la faisait tomber, définitivement, aux mains de l’Angleterre.
Plus tard, malgré le laborieux dévouement du grand patriote Adrien d’Épinay, qui s’efforça pendant neuf ans (1830-1839) d’arracher à nos nouveaux maîtres quelques libertés pour son pays, et lutta jusqu’à la mort pro patria, la langue française fut enlevée aux tribunaux (1847), ce qui ne fit qu’accentuer la mésentente entre les Anglais et les Franco-Mauriciens. Interdite à la vie officielle, la langue française se réfugia religieusement dans la maison et dans la famille, où elle s’enferma, comme au sein d’un sanctuaire. Ce fut au point que le gouverneur Broome souhaita de voir interdire le mariage des fonctionnaires anglais avec des Mauriciennes, qui « francisaient » aussitôt leurs maris d’une manière « incompatible avec leur mission. »
Un rayon de soleil brilla, pourtant, à travers ces misères de la politique. Nous voulons parler du généreux gouvernement de Sir John Pope Hennessy. Cet Irlandais au cœur chaud, ancien membre de la Chambre des Communes, fut nommé, le 2 décembre 1882, gouverneur de l’Île. Énergique, ennemi de l’injustice sous toutes ses formes, il entreprit, aussitôt, amicalement, de restaurer les droits méconnus des Mauriciens, au moyen d’une réforme libérale. Suspendu, en