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UN HOMME DE GUERRE ALLEMAND [1]

LUDENDORFF

II [2]
LE GÉNÉRAL, SON CARACTÈRE, SA DOCTRINE

Dès le premier contact, Ludendorff apparaît comme un homme dont l’assurance orgueilleuse stupéfie. Ses Mémoires, où le moi domine d’insolente manière, sont un monument élevé à la fois à sa défense et à sa propre grandeur. C’est à peine si, en quelques endroits et en quelques mots, il prend soin de rappeler l’existence d’Hindenburg. Il voit cependant ce maréchal chaque matin, mais il ne lui expose, en termes brefs, que des plans déjà faits, que des décisions déjà prises, et cela suffit toujours. Il ne consacre que çà et là quelques lignes à l’Empereur qui ne l’a pas, d’ailleurs, en spéciale estime.

Ces précautions oratoires prises à peu de frais, il se montre seul sur la scène et il y déploie son personnage avec une véritable aisance de professionnel, bien qu’il prétende n’avoir ni le goût, ni l’habitude de se donner en spectacle. Il a tout conçu, tout préparé, tout dirigé. Il a maintes fois sauvé la patrie et, si elle a été finalement perdue, c’est que ses conseils n’ont pas été suivis. S’il a des aides, ce ne sont que des aides, et il le fait trop sentir, même quand il rend justice à leur travail

  1. Ces pages forment la conclusion d’un volume qui paraîtra prochainement à la librairie Payot.
  2. Voyez la Revue du 15 décembre.