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LE ROI LOUIS XVII

III[1]
COMPLOTS

Si Paris vécut dans la stupeur cette sombre journée du 21 janvier, au troisième étage de la Tour du Temple, elle s’écoula dans l’angoisse et le désespoir. À six heures du matin, les prisonnières entendirent frapper à leur porte : on demandait « le livre de messe de Mme Tison pour la messe du Roi ; » plus tard elles perçurent le bruit d’un grand mouvement dans l’escalier et dans les cours ; à dix heures et demie, des salves d’artillerie lointaines et la clameur des rues dissipèrent leurs dernières illusions. On a quelque indice qu’en cet instant solennel et terrible, la Reine suffocante relevant son fils qui, dans une prière éperdue se serrait contre ses genoux, le salua Roi de France suivant l’antique usage, et tel fut, dans cette chambre close, toute retentissante de sanglots et de cris de douleur, le sacre de cet enfant dont la petite tête blonde ne devait jamais porter la couronne de France. Hors de France, tous les gouvernements le saluaient du cri traditionnel : le Roi est mort, vive le Roi ! et, à Paris même, un journal, le Véridique, osait imprimer : — « Il est certain que les communs vœux de la Nation et la majorité des peuples de l’Europe ne croient ni à la République française, ni à la possibilité d’une République en France. Ils croient que la mort de Louis XVI a fait un saint de plus et un roi nouveau. Nous nous occuperons

  1. Voyez la Revue des 1er  et 15 décembre 1919.