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partent de l’électrode négative du tube qu’on appelle cathode. De là, le nom de rayons cathodiques qu’on leur a donnés ; ces rayons sont déviés par un aimant et aussi par le voisinage d’un corps électrisé, comme on peut le constater par le déplacement de la tache phosphorescente de l’ampoule de verre.

Dès 1886, sir William Crookes, l’illustre physicien que vient de perdre l’Angleterre, avait supposé que ces rayons cathodiques sont formés par de petits projectiles chargés d’électricité négative, et qui par conséquent sont repoussés avec force par la cathode, qui est elle-même chargée d’électricité négative (on sait que les électricités de même nom se repoussent). Ces petits projectiles repoussés ainsi avec violence acquièrent une grande vitesse, et se propagent sans difficulté à travers l’air extrêmement raréfié du tube. Cette hypothèse a été depuis lors entièrement vérifiée, notamment à la suite d’expériences de Lénard et de Jean Perrin qui ont montré que les rayons cathodiques peuvent sortir du tube producteur à travers une feuille métallique extrêmement mince et qu’ils charrient alors avec eux à l’extérieur une certaine quantité mesurable d’électricité négative

Rappelons en passant (car c’est là la principale application pratique de ces rayons) que tout obstacle frappé par les rayons cathodiques émet les rayons X qu’a découverts Rœntgen en 1895.

Les rayons cathodiques étant donc des traînées rapides de petits corpuscules chargés d’électricité négative, on comprend, d’après ce que nous avons déjà vu, que l’approche d’un aimant ou d’un corps électrisé doive dévier, comme on le constate, et infléchir la trajectoire de ces rayons.

Quelle est la masse d’une de ces petites particules qui constituent les rayons cathodiques ? Quelle est la valeur de la charge électrique négative qu’elle transporte ? C’est ce qu’on s’est longtemps demandé sans trouver une méthode propre à le faire connaître.

Il appartenait à un brillant physicien anglais, J.-J. Thomson, de résoudre le premier cet important problème.

La méthode employée par lui est très difficile, et même impossible à exposer sans le secours de quelques équations. Je me bornerai donc à en dire que la déviation des rayons cathodiques par un corps électrisé n’a pas les mêmes caractères que leur déviation par un aimant. C’est en comparant ces deux déviations dans des conditions données que M. J.-J. Thomson a opéré. Il est arrivé ainsi aux résultats suivants qui tous ont été depuis vérifiés, confirmés par des