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ondes hertziennes. Et alors, une simple règle de trois montre que les petits oscillateurs hypothétiques qui produisent la lumière doivent être de l’ordre de grandeur des dimensions moléculaires et atomiques, c’est-à-dire d’une extrême petitesse, ainsi qu’il ressort des chiffres indiqués dans ma dernière chronique.

On remarquera que, dans le raisonnement précédent, qui est seulement destiné à projeter quelque lumière un peu artificielle sur ce difficile exposé, je pars des propriétés des ondes hertziennes pour en conclure à l’origine électrique, ou, comme on dit, électromagnétique de la lumière. C’est la marche exactement inverse qu’a suivie le grand physicien anglais Maxwell lorsqu’il a fondé, au milieu du siècle passé, sa géniale théorie électromagnétique de la lumière dont la fécondité a été prouvée depuis par les découvertes qu’elle a amenées. C’est en effet de la théorie de Maxwell que sont nées les immortelles expériences de Hertz et la découverte par celui-ci des ondes auxquelles il a donné son nom et qui sont aujourd’hui les messagères subtiles de la T. S. F.

De tout cela on conçoit donc que certains physiciens aient été amenés à conclure que les petites particules ultimes dont la vibration à l’intérieur des atomes était supposée produire les raies du spectre lumineux doivent être des particules chargées d’électricité. En particulier, le grand physicien Lorentz a déduit de cela toute une théorie de la lumière émise par les divers corps. Je n’entrerai pas dans les détails de cette théorie et n’en retiendrai qu’un point, — le principal, sinon le seul, qui se rapporte à notre sujet : — si les diverses radiations lumineuses produites par un atome donné sont causées par les vibrations des divers corpuscules entrant dans la formation de cet atome ; si d’autre part ces corpuscules sont de petits oscillateurs électriques, c’est-à-dire portent des charges électriques, il doit se produire la conséquence suivante : llorsqu’on place cet atome dans ce qu’on appelle un champ magnétique, c’est-à-dire par exemple, près des pôles d’un puissant électrn-aimant [analogue, à la puissance près, à celui de nos sonneries d’appartement], la nature des diverses ondes lumineuses émises par les corpuscules de cet atome, doit être modifiée d’une certaine manière. On sait en effet que lorsqu’un aimant, un champ magnétique, comme disent les physiciens, agit sur un corps chargé d’électricité et en mouvement, il modifie le mouvement de ce corps et le ralentit ou l’accélère selon sa direction et selon qu’il est chargé d’électricité positive ou négative.

Lorentz en a déduit que leà raies lumineuses qui caractérisent la