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sur Verdun et s’affole aux premiers résultats de l’offensive anglo-française sur la Somme. Or, mettant le comble au désarroi, survient, à la fin d’août, la déclaration de guerre de la Roumanie.

En cette extrémité, il faut à l’Allemagne un sauveur. Ludendorff est choisi. Naturellement, Hindenburg, en apparence, conserve le rôle principal et c’est à lui que revient le titre de Chef d’Etat-major Général. A Ludendorff on propose celui de « 2e Chef d’Etat-major Général, » mais il refuse, estimant, à juste raison, qu’une organisation ne doit avoir qu’un directeur... au moins officiel, car, avec la qualification de Premier Quartier-Maitre général, il se fait attribuer de tels pouvoirs qu’il marche de pair avec Hindenburg. Dans le même temps, il est promu général de l’infanterie, dignité intermédiaire entre celle de maréchal et le grade de général de division.


Une de ses premières préoccupations est de réaliser l’unité de commandement sur le front oriental. Il obtient, en théorie tout au moins, de pouvoir donner des ordres aux armées autrichienne, bulgare et turque, et cela est d’autant plus nécessaire qu’il lui va falloir organiser contre la Roumanie à la fois un groupe d’armées mi-partie allemand et austro-hongrois et une armée bigarrée d’Allemands, de Bulgares et de Turcs.

S’il savait en détail les événements qui se déroulent à ce moment sur le front français, peut-être hésiterait-il à ordonner les mesures qui précèdent, mais la Direction suprême est encore à cette époque sur le front oriental, loin des scènes terribles de la bataille de la Somme. Il procède donc à la formation de deux armées, dont une autrichienne, le tout sous le commandement de l’archiduc Charles, destinées à limiter l’avance des Roumains en Hongrie et, il l’espère bien, à les rejeter plus tard sur leur pays. Pour peu qu’il ait quelque bonheur, en effet, les quelques troupes bariolées d’Allemands, de Bulgares et de Turcs qu’il va jeter, sous le nom d’armée du Danube, dans le dos de son adversaire, par la Dobrutscha, lui donneront peut-être un succès complet.


Cette affaire réglée, ayant osé affaiblir, en remplaçant une partie des vieilles unités par des divisions de création récente, le front français tout près de céder, il se met en route vers les lignes occidentales qu’il ne connaît pas encore. Il rapporte de