Il s’agit de traverser les intervalles entre les forts détachés de la rive droite de la Meuse, en en brisant la défense qu’on soupçonne légère, tandis que la cavalerie, plus au Nord, s’emparera par surprise des ponts de Visé et se rabattra sur les derrières de la ville. Cette cavalerie montre peu de perçant ; Ludendorff s’y porte, l’actionne, jette dans la direction des ponts une compagnie cycliste, mais les ponts ont été détruits par les Belges. Force est donc de faire réussir l’attaque de Liège sans le secours indirect de la cavalerie.
Or, devant Liège, les affaires vont mal. Des trois colonnes qui devaient converger sur la ville après avoir dépassé les forts sans les attaquer, une seule avance. Ludendorff est à sa tête. Le commandant de la brigade est tué, Ludendorff le remplace au pied levé, de par sa propre décision, mais il est isolé à l’intérieur du périmètre des forts et sa troupe montre de l’hésitation. Lui, n’en a aucune ; il décide de pousser nuitamment sur les ponts, puis de prendre position au delà et il exécute ce plan. Ceci fait, croyant avoir vu le drapeau blanc flotter sur la citadelle, il s’y rend, seul, en automobile, s’aperçoit de son erreur, somme la garnison de se rendre et se fait ouvrir les portes, couronnant par ce fait d’armes « la mission qu’il s’était donnée à lui-même. » Sans lui, l’opération probablement manquait !
Dès le début de la guerre, la Prusse orientale a été envahie par les Russes. Vers la fin du mois d’août, il y a dans l’Est une situation « à sauver. » On y envoie Ludendorff en même temps qu’on tire de la retraite où il vit le général Hindenburg. Celui-ci aura celui-là comme chef d’état-major. Alors, au moment où, sur le front occidental, les armées opposées vont peu à peu se figer dans une guerre de positions, Ludendorff inaugure une guerre de mouvements, de manœuvres combinées dont, en deux ans, les principales conséquences seront un coup terrible porté à la puissance militaire de la Russie, l’écrasement successif de la Serbie et de la Roumanie, l’endiguement de la poussée des Alliés par Salonique.
Pour marquer les étapes de la carrière de Ludendorff, il importe de le suivre dans cette série d’opérations dont, à partir de son arrivée sur le front oriental, il assuma la direction.
A peine débarqué, il bat successivement les deux armées