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ont dissocié le bloc des 257 radicaux et radicaux-socialistes, et tandis que les uns se joignaient aux socialistes, le plus grand nombre soutenait avec les modérés les gouvernements de guerre. Les électeurs ont tiré les conséquences logiques de cette situation. Dans la Chambre nouvelle, si l’on fait abstraction du résultat des départements dévastés qui n’est pas encore connu avec précision, l’extrême gauche socialiste unifiée compte 56 élus et 5 socialistes dissidents ; les républicains socialistes 28 et les radicaux 129, mais un grand nombre de députés de ces deux groupes ont été élus sur des listes de conciliation. Les républicains de gauche ont 114 élus, les progressistes 138, les libéraux 15. La droite compte 79 sièges. Ces noms d’ailleurs ne répondent qu’à des groupements du passé qui devront être transformés. Ce qui apparaît nettement, c’est la majorité incontestablement acquise au programme d’union républicaine et nationale. La formation de partis neufs, répondant à la situation parlementaire, sera d’autant plus nécessaire que la Chambre future sera composée d’un grand nombre de députés nouveaux. Les électeurs, certes, ont accueilli largement les anciens élus ; ils en ont renommé plus de deux cents, et parmi eux, sans parler d’anciens Présidents du Conseil, tels que M. Briand, M. Barthou, M. Viviani, et de ministres d’aujourd’hui, M. Leygues, M. Klotz, M. Tardieu, la plupart des anciens ministres, M. Millerand qui, à la veille des élections, avait prononcé un discours précis et retentissant, M. Guislhau, M. Léon Bérard. Mais en même temps tous les partis se sont efforcés de rajeunir le personnel de leurs représentants, et ils ont préféré ceux qui avaient une réputation et qui avaient joué un rôle. L’extrême droite a envoyé à la Chambre une de ses personnalités les plus marquantes et les plus connues par les campagnes qu’elle a menées, M. Léon Daudet. L’extrême gauche a désigné pour siéger parmi les unifiés un intellectuel révolutionnaire, notoire dans ses Congrès, M. Léon Blum. Partout il y a eu un désir manifeste de nommer des représentants ayant fait déjà leurs preuves, signalés à l’attention publique par leurs talents, leurs actes, la notoriété de leur nom.

Les listes d’union nationale font paraître parmi les nouveaux députés des élus qui n’étaient pas des politiciens et que le pays a librement choisis, de grands chefs comme le général de Castelnau et le général de Maud’huy, des combattants comme le lieutenant-colonel Fabry et les jeunes et célèbres aviateurs Heurteaux et Fonck, les représentants de traditions anciennes mises en harmonie avec les temps nouveaux, le prince J. Murat, M. S. de Castellane, M. de Cassagnac,