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CHRONIQUE DE LA QUINZAINE.




Les élections législatives du 16 novembre ont marqué une volonté très nette : toute la France demande la paix sociale et une politique sage. Nous avions raison de faire confiance au bon sens de la nation qui a montré pendant cinq années de guerre tant de belles et solides qualités. La consultation électorale qui vient d’avoir lieu et qui est la plus importante que nous ayons eue depuis longtemps a répondu à l’attente de ceux qui espéraient en elle : partout, en Europe et hors d’Europe, elle a été considérée comme une manifestation favorable de notre esprit public et de notre vitalité. Au seuil d’une ère nouvelle, après une terrible épreuve d’où il sort victorieux et meurtri, notre pays était appelé à dire ce qu’il pensait et ce qu’il voulait. Vers quelles destinées se dirigeait-il ? Que lui avait enseigné la guerre ? Était-il obscurément tourmenté d’un besoin de changements brusques et d’un désir d’aventures ? Il a répondu d’un seul élan qu’il voulait de l’organisation, de la concorde, du travail. Il a condamné les révolutions et les solutions extrêmes. Cette ardeur généreuse et simple pour le sens commun, qui est parfois le sens rare, a sa grandeur, si l’on songe aux événements redoutables et glorieux qui l’ont inspirée. Le jugement prononcé cette fois par les électeurs est plein de cette droite raison, accordée à l’expérience, qui est bien dans la tradition de notre histoire.

Les deux faits qui caractérisent les élections législatives sont l’échec des socialistes et le progrès des idées modérées. Ils sont d’ailleurs en fonction l’un de l’autre : ils impliquent une appréciation sommaire et nette des directions données à la politique française dans la période qui a précédé la guerre. Pendant quinze ans, notre vie publique a été dominée, malgré des tentatives pour réagir, par le parti radical et le socialiste. Il y a beaucoup de raisons de croire que le régime ainsi institué répondait mal aux volontés de la