Page:Revue des Deux Mondes - 1919 - tome 54.djvu/697

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
REVUE MUSICALE


Théâtre de l’Opéra-Comique : Gismonda, drame lyrique en trois actes et quatre tableaux ; livret (d’après Victorien Sardou) de MM. Henri Cain et Louis Payen, musique de M. Henry Février. — Théâtre des Champs Elysées : Isba russe, de M. Serge Borowski. — Théâtre-Lyrique (Vaudeville) : Cléopâtre, « drame passionnel » en quatre actes et cinq tableaux ; livret de M. Louis Payen, musique de Massenet. — Les Concerts.


A la fin d’un article sur la Tosca, Jules Lemaître écrivait de Victorien Sardou : « Avec tout cela, comme il reste amusant ! C’est égal, je vous engage à relire Bérénice. » Il y a de « tout cela » dans Gismonda, qui n’est pas non plus une chose ennuyeuse, encore moins une chose vraisemblable. « Principiis obsta, » ou « Nego principium. » Le principe de la dite chose est que Gismonda, jeune veuve et duchesse italienne d’Athènes, au XVe ou XVIe siècle, jure d’épouser l’homme qui retirera de la fosse aux ours, ou plus exactement au tigre, son petit garçon qui vient d’y tomber. Et voici les conséquences de ce principe, dont on pourrait, en pareil cas, si grand que soit leur amour et leur désespoir, appeler à toutes les mères.

Pour les besoins du contraste, ou du conflit, qui fera la pièce même, le sauveur de l’enfant se trouve être, au lieu d’un courtisan et prétendant, un simple valet de vénerie, un fauconnier, du nom d’Almerio, gars robuste autant que brave garçon. La duchesse, bien entendu, commence par se refuser, avec horreur, à tenir son imprudente promesse. Craignant les suites du refus, elle se retire dans un monastère voisin d’Athènes. Almerio vient l’y rejoindre et l’y réclamer. Aussi bien, il a conquis de nouveaux droits, et plus glorieux, à sa main. Des pirates menaçaient Athènes. Il a pris le commandement de l’armée et les a vaincus. Le peuple entier l’acclame et