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propagande empoisonnée. Des émissaires venus de Berlin ont récemment essayé de pénétrer en Suisse, et ils étaient porteurs d’instructions destinées à provoquer un mouvement révolutionnaire le 7 novembre, date anniversaire de la révolution allemande. Il s’agissait de persuader les groupements français, italiens, espagnols, suisses, que le moment était venu d’organiser des Soviets. Un autre document a été également publié en Suisse : il est parti cet été de Moscou et il témoigne d’une grande complaisance pour l’Allemagne ; il porte le titre significatif d’ « ordre de combat ; » il proclame que les difficultés de ravitaillement du prochain hiver en promettant la misère fourniront l’occasion d’accomplir la révolution européenne. Voilà le péril bolchéviste. On s’explique assez que les programmes électoraux commencent par s’occuper de lui. Nous ne sommes pas seuls d’ailleurs attentifs à sa menace. Bien d’autres nations, agitées des mêmes problèmes d’après-guerre, jettent vers nous leurs regards et attendent que nous nous soyons prononcés. Dans l’état actuel du monde et de l’évolution des démocraties, nos élections ne sont pas seulement un acte de politique intérieure : elles intéressent nos voisins, nos amis, nos alliés ; elles fourniront un précieux renseignement sur les directions d’un peuple qui a le prestige et la responsabilité d’avoir souvent donné l’exemple.

Aussile premier sentiment qui s’est manifesté, pendant la préparation des élections de demain, a été un sentiment d’union. On s’est aperçu que les anciennes divisions et les anciennes étiquettes ne répondaient plus à rien. On a cherché loyalement non ce qui séparait, mais ce qui rapprochait. Un grand effort de conciliation et de réconciliation a été accompli pour établir au seuil de la France nouvelle ce que Gambetta jadis a appelé l’Édit de Nantes des partis. Nous ne diions pas qu’il ait déjà partout réussi. Il y a des départements où des exclusives que rien ne justifie ont été prononcées ; il en est d’autres où on a eu le regret de voir reparaître, à propos des lois de laïcité, des formules qui rappelaient moins le respect de la liberté des consciences que les luttes du passé. Mais dans l’ensemble, une heureuse tentative a été faite pour s’élever à une conception de la paix, qui est le programme de la victoire à l’intérieur. L’union cependant ne suffit pas à tout. Elle n’est qu’un état de la sensibilité, si elle n’est accompagnée d’idées claires et distinctes. Après s’être mis d’accord sur le but à atteindre, il fallait se mettre d’accord sur les moyens. Que fera dans la Chambre future une majorité acquise à l’idée d’ordre et à l’idée de concorde ? C’est à cet