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CHRONIQUE DE LA QUINZAINE.




Les élections législatives qui vont avoir lieu le 16 novembre ont retenu, durant les semaines qui viennent de s’écouler, toute l’atten tion publique. Par suite de la discussion prolongée dont le traité de paix a été l’objet, la période électorale a été nécessairement courte. Mais elle a été très remplie. Dans tous les départements, les groupements politiques se sont mis à l’œuvre pour procéder à l’établissement des listes qu’exige le nouveau scrutin. La disparition des anciens cadres électoraux, limités à l’arrondissement, a eu tout de suite un bienfaisant effet : elle n’a pas suffi à supprimer les questions de personnes, mais elle a obligé à un examen au moins sommaire des programmes qui pouvaient mettre d’accord les candidats d’une même liste, et elle a ainsi permis à des courants d’opinion de se manifester. Partout cette préparation des élections s’est accomplie avec calme et avec sérieux. Notre pays a désormais une assez grande habitude des libertés publiques pour qu’une consultation électorale, même quand elle met en jeu les plus grands intérêts et les plus légitimes passions, ne soulève pas d’agitation. Il a aussi un sentiment si vif et si juste de l’importance exceptionnelle de ce scrutin qu’il y a donné ses soins activement et en conscience, comme il convient dans une période où la nation a toutes les raisons de garder un esprit public très élevé. La France a donné un spectacle digne de celui qu’elle a offert tant de fois au cours-des cinq années de guerre. On a souvent comparé la consultation électorale de l’année 1919, en raison de son importance, à la consultation de 1871 qui a nommé l’Assemblée nationale. Il y a entre l’une et l’autre une sensible différence : c’est qu’en 1871 il s’agissait de refaire une nation qui sortait meurtrie et diminuée d’une guerre où elle avait été seule, tandis qu’aujourd’hui il s’agit d’affermir dans le monde la position de notre pays qui revient victorieux et avec un prestige rajeuni d’une lutte où il a eu presque