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IMPRESSIONS ANGLAISES

Le sentiment d’admiration pour la nation britannique que tant de grands et libres esprits ont cultivé dans notre pays, la dure étreinte de la guerre en a fait pour tous les cœurs français non seulement un droit, mais un devoir.

Jamais jamais, quoi qu’il arrive, quelles que soient demain les inflexions imprévues de la trajectoire politique européenne, nous ne pourrons oublier que des soldats britanniques par centaines de milliers, plus nombreux que tous ceux que, dans l’histoire, l’Angleterre arma contre nous, reposent sur la terre de France pour l’avoir défendue.

Cette confiance, cette estime, cette amitié réciproques fondues au creuset du péril font aujourd’hui entre les deux pays un lien immatériel, mais plus solide, plus fort, plus durable que n’importe quel tunnel sous la Manche, que n’importe quel sceau rouge sur le parchemin d’un traité.

Ces sentiments, le gouvernement britannique s’attache très intelligemment à les maintenir et à les développer. Il sait que rien ne vaut à cet égard les contacts directs. C’est dans ce dessein qu’il m’avait convié, il y a peu de jours, à une brève visite de l’autre côté du « Channel. »

Les impressions fortes et charmantes rapportées de ce voyage, ainsi qu’un précieux et fluide bagage, je voudrais en faire part à mes lecteurs.

Je ne me donnerai point le ridicule d’avoir découvert l’Angleterre. Elle a eu, il y a bien longtemps déjà, ses Christophe Colomb. Pourtant on ne peut se défendre, dès l’instant qu’on y débarque et chaque fois, de l’impression d’être en un pays essentiellement différent sous certains angles, des contrées continentales.

Rien que la conduite à gauche des voitures dans la rue qui est