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Mais c’est Dalton qui a vraiment par ses découvertes chimiques solidement assis la théorie atomique, ou plutôt moléculaire, comme on l’appellera ensuite.

Lorsqu’on eut découvert qu’il y a des corps chimiquement simples et des corps composés, Dalton montra que les divers corps composés (par exemple les composés oxygénés de l’azote où on voit qu’une masse donnée d’azote peut s’unir à des masses d’oxygène qui sont respectivement entre elles comme 1, 2, 3…) peuvent être considérés comme formés par l’union d’une ou plusieurs particules infimes d’entre eux avec une ou plusieurs particules infimes de l’autre. La plus petite particule possible du corps composé, celle qu’on ne pourrait pas subdiviser, sans lui enlever son individualité chimique, a été appelée la molécule. Il est clair qu’il y a des particules encore plus petites que la molécule ; ce sont celles des corps simples qui sont réunies dans une molécule d’un corps composé ; c’est à ces parties de la molécule qu’on a donné depuis lors le nom d'atomes. Il a été démontré d’ailleurs que les molécules ne sont pas seulement les particules physiques ultimes des corps composés, mais que chaque corps simple a aussi des molécules constituées par la réunion de plusieurs (généralement 2) de ses atomes.

Telle a été la terminologie nouvelle adoptée dans la doctrine atomistique par les chimistes du xixe siècle.

Il restait à saisir, — autrement que par des raisonnements etquepar des interprétations d’expériences, la réalité même de ces molécules, de ces accouplements d’atomes qui devaient être les particules ultimes, physiquement autonomes, des diverses substances.

Les étapes qui nous ont conduits à saisir vraiment sur le vif, et si j’ose dire, à pleine main, cette réalité moléculaire, sont aujourd’hui bien curieuses à parcourir par la pensée.

En partant de diverses constatations faites par lui relativement aux densités des diverses vapeurs, Avogadro a énoncé le siècle dernier l’hypothèse célèbre qui porte son nom et qui peut être formulée ainsi :

Tous les gaz, dans les mêmes conditions de température et de pression, contiennent, à volume égal, le même nombre de molécules.

À la lumière de cette hypothèse, un grand nombre de faits relatifs aux combinaisons variées en poids et en volumes de divers gaz et vapeurs se sont trouvés immédiatement éclaircis et synthétisés.

De plus la loi d’Avogadro s’est trouvée bientôt confirmée par les