Blankart, il évalue à 117 milliards de francs suisses les sommes ainsi avancées aux belligérants. Parmi elles, figurent 14 milliards prêtés par les États-Unis à l’étranger jusqu’au 7 avril 1917, date de leur entrée en guerre ; 42 milliards prêtés par le Trésor de Washington à l’Entente, 38 milliards avancés par la Grande-Bretagne à ses alliés, 7 milliards fournis dans les mêmes conditions par le gouvernement français et la Banque de France, 3 milliards prêtés par le Japon, 5 milliards prêtés par l’Allemagne à l’Autriche-Hongrie, 5 milliards prêtés à la Turquie par les Empires centraux, 2 milliards avancés par certains neutres à la France, l’Angleterre et l’Allemagne, 1 500 millions avancés par la République argentine à la Grande-Bretagne et aux États-Unis. Ce furent des opérations d’une nature spéciale, se rapportant directement au sujet que nous éludions : il est bien évident que ce n’était pas pour se procurer des fonds que les États-Unis se faisaient avancer quelques centaines de millions à Buenos-Ayres, ou que la Russie en demandait 250 à l’Italie.
Ce rappel sommaire des diverses opérations qui ont eu lieu au cours de la guerre explique les mouvements des changes. Lorsque des facilités de paiement nous étaient consenties, ils avaient une tendance à baisser. Pendant une période assez longue qui suivit les arrangements intervenus entre la France et l’Angleterre, les cours de la livre sterling sont restés stables à Paris. Les crédits ouverts à Londres permirent pendant de longs mois à notre gouvernement d’y payer nos importations. Lorsque ces crédits furent épuisés et que la nécessité de faire des remises au dehors devint plus impérieuse, nous assistâmes à un relèvement des cours. Comme le chiffre des importations en France a été croissant et qu’il a été plus fort après l’armistice qu’à aucune autre époque de la guerre, que, d’autre part, certains crédits arrivés à échéance n’ont pas été renouvelés, les cours actuels sont les plus élevés de la courbe. Dans l’intervalle, au printemps de 1919, ils étaient redescendus considérablement. On espérait alors que la paix aurait pour conséquence immédiate la reprise des relations normales et que le franc ne tarderait pas à recouvrer toute sa valeur. Il fallut bientôt reconnaître qu’un plus long délai était nécessaire à cette reprise.
L’or, qui eût été le moyen naturel de régler les soldes débiteurs, ne circule plus librement. Si cette liberté avait existé,