au comte Frochot, préfet de la Seine, Conseiller d’État, homme intelligent, instruit, d’une haute valeur administrative ! Nulle part de résistance. Frochot obéissait, de même que Savary, Pasquier et Desmarets se laissaient arrêter.
Restait le gros morceau que Malet s’était réservé : il s’agissait d’enlever la forteresse, l’État-major de la 1re division, les deux hôtels de la place Vendôme : l’un, l’hôtel particulier que le général Hulin avait acheté en 1807, et qu’il habitait avec sa seconde femme, née Tissonnier ; l’autre, — au no 7, — où Hulin, à la grande colère de Savary, avait obtenu de réunir l’Etat-major de la Place à l’État-major de la division. Ici, Malet savait qu’il avait affaire à forte partie ; il ne pouvait songer à tromper ou à corrompre Hulin, vieux routier de Révolution. Aussi à la première résistance que celui-ci opposa, demandant à voir les ordres qu’alléguait Malet, il lui tira un coup de pistolet dans la tête. Le laissant inanimé sur le parquet, il traversa la place. A Doucet, le chef d’État-major de Hulin, il avait adressé une lettre et des ordres : pensait-il qu’il obéirait ? Peut-être ! Mais ni Doucet, ni Laborde son adjoint, n’étaient de ceux qu’on trompe, qu’on intimide, ou qu’on corrompt. Au moment où Malet cherchait un pistolet pour le tuer, Doucet le saisit à la gorge et Laborde lui arracha le pistolet. Appelant alors les dragons de la Garde de Paris, ils l’attachèrent solidement. Il était huit heures. Après avoir gagné les quatre premières manches, Malet perdait la cinquième.
Alors tout s’effondre : Lahorie qui, ayant arrêté Savary, et l’ayant expédié à la Force, sous la conduite de Guidal, s’est cru ministre, a « durant ce court rêve de ministère, comme l’écrit Savary à l’Empereur (Rapport du 1er novembre), signé trois ordres de détention, une permission à Boccheiampe pour aller à la Force, a commandé son costume officiel et est allé en qualité de ministre de la Police à l’Hôtel de Ville pour y assister à l’assemblée du gouvernement provisoire lequel devait, suivant le prétendu Sénatus-Consulte, y siéger à neuf heures. » Guidal qui, en conduisant Savary à la Force, s’est donné du ton sur la route, y est arrivé « déjà fortement allumé. » « On ne dort pas ici, dit-il en faisant paraître une grande contraction de nerfs et une grande agitation dans les yeux ; ce sont de bons enfants, ils sont bien éveillés ; ils ne se sont pas laissé prendre dans leur lit comme des... » Puis, apostrophant l’inspecteur général des