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REVUE SCIENTIFIQUE

LES VITAMINES

Jamais les questions alimentaires n’ont été autant qu’aujourd’hui la préoccupation dominante des gouvernements et des peuples. L’humanité tout entière se dispute âprement les nourritures trop rares que cinq ans de guerre ont laissées à sa disposition et que la « vague de paresse » dont on a parlé ne paraît pas propre à multiplier autant qu’il faudrait. Jamais le primo vivere ne s’est imposé avec autant d’impérieuse brutalité. C’est un fait dont les idéalistes peuvent s’attrister, mais devant lequel il faut bon gré mal gré s’incliner. Mais il n’est point de questions, si terre à terre soient-elles, qui ne touchent par quelque côté aux subtilités les plus délicates de la science et de la haute spéculation.

Précisément depuis la guerre, les laboratoires des physiologistes, — surtout hélas ! ceux des grands pays moins bouleversés que le nôtre, — ont vu naître toute une série d’expériences et de découvertes fort curieuses relatives à l’alimentation de l’homme et de ses frères inférieurs. Ainsi a été posé le problème de ces singulières substances qu’on a appelées les vitamines, qui nous ouvre des aperçus étrangement nouveaux sur la physiologie et la pathologie tout entières.

Bien que la question soit loin d’être au point et qu’un avenir prochain puisse bouleverser, comme il arrive souvent, les notions actuellement admises dans ce domaine, je voudrais tâcher d’en donner ici quelque aperçu. Ce qui fait le charme et l’attrait fascinant des questions scientifiques, c’est précisément que les solutions n’en