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nommé général en chef de l’Armée des Alpes, avait son quartier général à Grenoble, chef-lieu de la 7e division militaire, où Malet était employé.

Rousselin le lui recommanda, et Championnet, vu la pénurie où il se trouvait d’officiers généraux, n’ayant, semble-t-il, qu’un seul divisionnaire, le nomma général de brigade, sur un exposé de ses services, fort élogieux, mais peu exact. Dans ce papier où la signature du général en chef n’est revêtue d’aucun contre-seing, de même que dans la lettre qu’il écrit au Directoire pour faire confirmer cette nomination, Championnet, sur la parole de Malet, énonce une série de faits controuvés, ce qui eût été impossible s’il avait, conformément aux règles en vigueur, rapporté les états de services de cet officier. On n’y regarda point, et, le 27 fructidor (13 septembre), Malet fut confirmé dans le grade de général de brigade. Dès le 12, il a pris le commandement d’une brigade active, composée des 104e et 105e demi-brigades. Il réunit ses troupes à Bourg-Maurice, le 12 (29 août 1799) ; le 15, il passe le Petit-Bernard ; le 16, il force avec 2 500 hommes le passage de Roche-Taillée, défendu par 3 500 Autrichiens ; le 18, il s’empare d’Aoste qu’il organise républicainement et où il reconnaît les caisses publiques ; et il se mettait en marche le 4e complémentaire pour cerner le fort de Bard et déloger l’ennemi de toutes ses positions, lorsqu’il reçut du général Duhesme avis qu’il était remplacé dans son commandement par le général Raoul. « Depuis que je suis entré sur le territoire d’Aoste jusqu’à ce jour, écrit-il, la perte de ma colonne, pour fait de guerre, est de deux hommes tués, un sous-lieutenant de grenadiers mort avant-hier de ses blessures, un prisonnier et vingt-deux blessés dont un seul est en danger de perdre la vie. » Quant à l’ennemi, en prisonniers, en déserteurs et en tués, il a perdu 767 hommes. Voilà des résultats dont il ne manqua point de se faire honneur lorsqu’il écrivit qu’il « avait rempli sa mission d’une manière distinguée. »

Mais il n’avait point reçu son brevet. Malet donc, moins de dix jours après le Dix-huit brumaire, écrivit au ministre de la Guerre pour le réclamer. C’est là, si l’on veut, une adhésion au nouveau gouvernement et de la part d’un homme auquel on attribue cette phrase : « Bonaparte devait, le dix-huit brumaire, expirer au pied de la statue de la Loi. La liberté est perdue si un pareil crime reste impuni. Il y a plusieurs