Page:Revue des Deux Mondes - 1919 - tome 53.djvu/237

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

marqué le temps, en affirmant : « La Roumanie est décidée d’agir d’accord avec la politique que la Conférence pourra dorénavant fixer à l’égard de la Hongrie, à la suite du nouvel état de choses réalisé par l’intervention de l’armée roumaine ; » et cette précaution laissait entendre au moins que, pour la Roumanie, ce nouvel état de choses était fait acquis. Une quatrième fois donc, la Conférence répétait ses conseils en forme d’injonctions ou ses injonctions en forme de conseils : « désarmement des troupes hongroises ; maintien de l’ordre avec le minimum de troupes étrangères (c’est-à-dire, en l’espèce, roumaines) ; ravitaillement de la Hongrie ; abstention de toute immixtion dans la politique intérieure sous réserve de la libre expression de la volonté nationale. »

« La libre expression de la volonté nationale, « en Hongrie, à Budapest, et, pis encore, au fond des Comitats magyars ; il y a de quoi faire sourire ceux qui ont vu comment se passaient les élections hongroises, sous l’ancien régime, et qui n’aperçoivent aucun motif raisonnable de penser que les pratiques des partisans de Bela Kuhn aient pu améliorer les mœurs publiques d’un pays où l’on volait entre deux gendarmes, qui faisaient, pour les reconnaître à la sortie, une grande croix à la craie dans le dos des récalcitrants. Comme tout cela est idéologique, abstrait, éloigné de toute réalité, dépourvu de tout sens pratique, vide de tout contenu positif !

Et comme on voudrait pouvoir dire, sans atteindre ni viser personne, sans être injuste envers les efforts faits et les services rendus, que plusieurs des affaires de ce monde ont été de la sorte réglées par des hommes de qui les unes étaient mal connues, les autres mal comprises ; et il ne pouvait pas en être autrement, dès lors qu’on se flattait, à quatre, de les régler toutes ! Mais, cette leçon que prend le politique, l’historien ou le philosophe n’aurait-il rien à en retenir, s’il se mettait obstinément à la recherche des causes ? Des instructions réitérées, envoyées par le Conseil suprême à ses représentants à Budapest, détachons ce bref paragraphe : « ravitaillement de la Hongrie, » qui éclaire peut être ou par lequel s’éclaire quelque insinuation un peu obscure, sur l’attitude ou les dispositions de ce Conseil particulièrement pressé devoir recommencer l’importation des marchandises étrangères en Hongrie, » et dans lequel, ou autour duquel, « certaines personnes semblent craindre que la Roumanie, en reprenant aux Magyars des wagons et des locomotives, ne gêne la reprise de ce trafic. »

Plus généralement, et rejetant toute insinuation, remarquons le