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REVUE SCIENTIFIQUE

ÉCOUTE SOUS-MARINE ; ÉCOUTE SOUTERRAINE

Dans l’intéressant petit volume qu’il vient de consacrer aux applications de la physique à la guerre [1] et qui constitue un excellent et clair exposé de ces problèmes nouveaux, M. Vigneron déclare avec raison et montre que « l’action réciproque que l’art de la guerre et la physique ont de tout temps exercée l’un sur l’autre, — toute découverte nouvelle étant immédiatement appliquée à l’art militaire, — a été plus directe et plus riche pendant ces quatre dernières années qu’à aucune autre époque. »

Rien de plus exact que cette affirmation, comme mes lecteurs ont pu en juger par les diverses applications physiques que j’ai eu l’occasion d’exposer ici-même.

Il est en particulier une branche de la physique singulièrement délaissée par les spécialistes depuis une vingtaine d’années et un peu reléguée des laboratoires dans les livres classiques, — et à laquelle la grande guerre a donné un renouveau tout à fait remarquable. Je veux parler de l’acoustique.

Cela provient évidemment de ce que, — ainsi que je l’ai explique naguère ici, à propos du son du canon, — on s’est pendant cette guerre appliqué à dissimuler, à cacher, à masquer, à défiler soigneusement les combattants et leurs engins. Il s’en est suivi que généralement le champ de bataille semblait de prime abord désert et inhabité. Mais comme on n’a pas encore trouvé le moyen de défiler les ondes sonores qui, à cause de leur longueur très supérieure à celle des ondes lumineuses, tournent comme les ondes hertziennes

  1. « Les applications de la physique pendant la guerre, » par H. Vigneron. Masson et Cie, éditeurs.