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de souveraineté (d’ailleurs mal définie) sur les colonies à « mandat. » J’eusse préféré le régime, connu et parfaitement délimité, du protectorat.


Ce que nous apportent les 26 articles fondant la Société des Nations, c’est une délibération permanente et en commun, sur le pied d’égalité, de tous les États, petits et grands, animés de sentiments sincèrement humains et déterminés à ne plus laisser se produire de guerres nouvelles. Je salue, comme l’un des plus grands progrès accomplis dans l’histoire du monde, le paragraphe 2 de l’article Ier : « Tout Etat, Dominion ou colonie qui se gouverne librement et qui n’est pas désigné dans l’annexe, peut devenir membre de la Société si son admission est prononcée par les deux tiers de l’assemblée, pourvu qu’il donne des garanties effectives de son intention sincère d’observer ses engagements internationaux et qu’il accepte le règlement établi par la Société en ce qui concerne ses forces et ses armements militaires, navals et aériens. »

La grande famille des États existe désormais.


Par dessus tout, j’ai confiance dans la réunion des cent vieillards, — cardinaux de cette nouvelle Eglise, — qui la représenteront et qui, dans leur sagesse, parleront les affaires du monde.

Le reste est de forme.

Que ces vieillards parlent donc, mais devant tout le monde ; qu’ils parlent haut et que l’on sache ce qu’ils disent !

Pas de secrets, pas de coins obscurs. L’opinion est reine. Sa lumière assainit, sa force purifie. Par elle, le mal peut être empêché et, sans elle, le bien ne peut se produire.

Toutes les forces morales de l’univers, groupées autour de ce Collège incomparable, travailleront ensemble à cette double tâche. Qu’on les convoque et qu’on n’en oublie aucune !

La patience, la longanimité, la prévoyance sont les vertus des vieillards. Leur faiblesse dompte la force. Quand ils auront reçu le signe suprême d’une consécration unanime, ils agiront contre la guerre avec une prudence, une dextérité et une autorité qui la retarderont d’abord. Et ce sera le premier bienfait. Les Anglais appellent ce progrès le moratorium de la guerre. Le temps donné par ce sursis, permettra de délibérer, de réfléchir, de faire la lumière. Toute trame obscure sera déchirée. Alors,