Page:Revue des Deux Mondes - 1919 - tome 52.djvu/716

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

que jusqu’alors ils avaient été et comme étrangers à eux mêmes : qu’est-ce qu’ils apportent au monde ?

Et d’abord, dans la paix et pour la vie, qu’avons-nous à leur offrir ? Mais, premièrement, à l’instant niême où ils rentrent, la paix que nous leur offrons est-elle complète et sûre ? Avec l’Allemagne, le traité a été signé à Versailles le 28 juin. Il a été ratifié le 8 juillet par l’Assemblée d’Empire à Weimar, et notification en a été envoyée le même jour par le président Ebert à M. Clemenceau, en sa qualité de président de la Conférence. Le 20 juillet, à Saint-Germain, le secrétaire général de la Conférence a remis au « chancelier » Renner le deuxième fascicule du traité avec l’Autriche ; l’analyse officielle qu’on nous en a donnée ne nous permet pas de dire s’il est définitif et si c’est le dernier. Telle qu’elle est rédigée, ou du moins tel qu’on nous en laisse apercevoir le contenu, la partie III, sous la rubrique Italie, nous en ferait un peu douter.

Nous nous demandons, après avoir lu le résumé, en attendant que nous ayons le texte, si les grosses questions de frontières, — pour parler avec précision, si la question du bassin de Klagenfurt, entre les Autrichiens et les Yougo-Slaves ; si, surtout, la question de Fiume, entre les Yougo-Slaves et les Italiens, — sont réglées. On nous dit bien, à propos de la Partie II, que : « les frontières entre l’Autriche, d’une part, la Hongrie et la Tchéco-Slovaquie, d’autre part, ont été modifiées de façon à englober dans les limites de l’Autriche des territoires habités par des populations de langue allemande ; » que : « une tête de pont a été instituée au Sud de Presbourg, sur la rive droite du Danube (pour assurer à la Tchéco-Slovaquie des communications et un débouché vers le Sud) ; » et que : « une légère rectification a été faite (aux dépens des Tchéco-Slovaques) dans la région de Gmünd. » Au sujet même de la Partie III, Italie, on nous fait connaître « les conditions dans lesquelles les anciens ressortissants autrichiens acquerront la nationalité italienne. » On nous apprend que, « sous réserve des dispositions de la Partie IX (Clauses financières), le Gouvernement italien est subrogé dans tous les droits de l’État autrichien, sur toutes les lignes de chemins de fer gérées par l’administration des chemins de fer dudit État sur les territoires transférés à l’Italie. » On ajoute que « le matériel roulant italien saisi par l’Autriche au début des hostilités sera restitué, » ce qui encouragera les voyageurs : et, ce qui ravira, d’aise les amis des monuments, qu’ « aucune somme ne sera due par l’Italie, du chef de son entrée en possession du palais de Venise à Rome. » Mais c’est