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de matières premières, ils ont remis en marche un certain nombre de leurs usines et pourront bientôt exporter des produits qui leur permettront d’acquitter aisément le montant de leurs importations.

Il faut que chacun soit pénétré de cette vérité que les prix exagérés sont un mal. Le chancelier de l’échiquier anglais, M. Austen Chamberlain, le proclamait il y a peu de jours : « Aussi longtemps, disait-il, que la hausse des prix continuera, le commerce d’exportation sera en souffrance. » Et cependant les statistiques du premier semestre de 1919 nous apprennent que les exportations du Royaume-Uni ont augmenté de 4 milliards de francs, par rapport à celles de la même période de 1918, alors que les importations n’ont progressé que de la moitié. La balance commerciale du Royaume-Uni s’est améliorée de 1 600 millions de francs.

Nous avons parlé jusqu’ici du ralentissement de la production et de la difficulté des transports qui diminuent l’offre des marchandises. Il convient d’envisager aussi l’augmentation de la demande. Le nombre des consommateurs ne s’est guère réduit, et l’intensité de leurs besoins semble s’être accrue. Les combattants, et rien n’était plus naturel, ont été parfaitement nourris ; dans la plupart des cas, ils recevaient au front une alimentation supérieure à celle qu’ils avaient chez eux en temps de paix. L’Etat ne marchandait point, lorsqu’il s’agissait d’assurer leur bien-être. Des habitudes de dépense facile se sont répandues de haut en bas de l’échelle sociale. De là une diminution de l’offre et une augmentation de la demande, qui, à elles seules, constituent des raisons puissantes de la hausse des prix. Il en est une autre, c’est la multiplication des signes monétaires, la création et la mise en circulation de quantités immenses de papier monnaie.


L’INFLATION FIDUCIAIRE

A la fin de juillet 1919, il circule dans les principaux pays du monde, en billets de banque ou en billets d’Etat, 250 milliards de francs, c’est-à-dire cinq fois plus qu’en 1913. La quantité de monnaies métalliques n’a cependant pas diminué. Elle s’est même accrue de la partie monnayée de 15 milliards d’or et d’argent extraits des mines pendant la même période. L’une