fréquentations le poussaient. Il y avait déjà, sans doute quelques années, nous l’avons dit, qu’il s’était affilié à cette Compagnie secrète du Saint-Sacrement dont M. Vincent n’était guère moins l’inspirateur qu’il n’était le supérieur et directeur de la Conférence des prédicateurs de Saint-Lazare. Cette Compagnie, Bossuet la retrouve à Metz ; dès 1644, Martin Meurisse n’avait pas manqué d’en doter sa ville. Et, en 1651, le nouveau gouverneur Schomberg s’y laissait agréger. Or, à Metz comme ailleurs, la « Compagnie de M. de Renty »[1] mettait au premier rang de ses pieuses besognes l’assaut contre les protestants. Les années 1656 à 1658 précisément manifestent une recrudescence de son offensive. Par ses soins, la maison de la Propagation de la Foi, fondée depuis 1648, se ranime, et grâce à elle, sans doute, de nouvelles religieuses arrivent de Paris en renfort. Dans ces trois années, à Metz, les démonstrations menaçantes contre les protestants se multiplient[2], mais aussi les coups effectifs, suggérés évidemment par la sainte Ligue secrète, préparés et organisés par elle, selon ses habituels procédés. S’inquiétait-on de voir dans les « commandements militaires » des huguenots, et voulait-on commencer par faire destituer le gouverneur du château, d’Ennery ? Croyait-on devoir, par des conflits plus ou moins provoqués, réveiller contre les religionnaires l’animosité du public, endormie par la fâcheuse tolérance ? Voulait-on empêcher les protestants de profiter de la licence que le jeune Roi vient de leur donner, « imprudemment, » d’avoir des maîtres d’école spéciaux pour eux (maîtres catholiques, du reste) ? Voulait-on mettre des entraves à l’achèvement, à l’ouverture, à la fréquentation commode de leur temple, reconstruit par eux à grands frais ? Travaillait-on à fermer l’hôpital aux pasteurs, de peur qu’ils n’y exerçassent leur prosélytisme en gênant celui des catholiques ? — En toutes ces entreprises de défense ou d’attaque, vous trouveriez, dans les archives messines, ces mémoires juridiques non signés, ces « rapports » documentaires anonymes, qui, par des intermédiaires indirects et sûrs, atteignant les « puissances, » les animaient à se départir d’un trop indulgent laisser faire et leur indiquaient les moyens, discrets,
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