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des fusiliers marins et qu’il aurait l’honneur d’être son dernier et très glorieux commandant. À trois heures de l’après-midi, le même jour, l’amiral se rendait à la Roseraie et y faisait ses adieux à son état-major. Les autres bataillons de la brigade s’embarquèrent les jours suivants, aux heures et dans l’ordre prescrits par le dispositif : le bataillon Biffant (ler du 2e régiment) le 24 ; le bataillon de Maupeou (3e du 2e régiment) le 27 et, avec lui, l’état-major régimentaire ; le bataillon Lefebvre (2e du ler régiment) le 30 ; le bataillon Bertrand (3e du 1er régiment) le 3 décembre ; le ler bataillon du 1er régiment (ancien bataillon Lagrenée dont le chef avait pris le commandement du détachement resté sur l’Yser) le 6 décembre, au lendemain même des obsèques d’un de ses capitaines les plus méritants, du dernier officier de la brigade tombé au champ d’honneur, le lieutenant de vaisseau Blanchin, foudroyé par un obus à Nieuport sur la place de l’Église, tandis qu’il rassemblait ses hommes pour monter aux tranchées.

Ces deux bataillons seuls, grâce à l’initiative d’un journal parisien, qui avait organisé pour eux une matinée de gala, connurent le sourire et les acclamations de la « Ville-Lumière, » bien atteinte d’ailleurs dans son prestige par les restrictions qu’on faisait déjà subir à son éclairage. Les autres bataillons, débarqués par nuit noire à la gare du Nord, conduits sans tambour ni trompette à la caserne de la Pépinière, y étaient consignés jusqu’au lendemain où on les dirigeait, avec la même absence de protocole, sur les stations qui desservaient leurs dépôts respectifs. Les uns et les autres cependant, avant de quitter Paris, furent passés en revue dans la cour de la caserne par le nouveau ministre de la Marine qui les harangua, fleurit quelques capotes et, pour terminer, embrassa l’amiral Ronarc’h. La dernière cérémonie de ce genre, où figurèrent le ler et le 2e bataillon du ler régiment, eut lieu le matin du 8 décembre. On y entendit la musique du 230e territorial. Non plus qu’aux précédentes prises d’armes, le public n’y fut admis. Et, après un service solennel célébré à Saint-Augustin par l’abbé Pouchard, aumônier du ler régiment, en l’honneur des morts de la brigade, tout fut dit : une grande chose avait été.


Charles Le Goffic.