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Pour éclairer le commandant de Maupeou sur la gravité de la situation, Mérouze lui détacha deux de ses fusiliers, porteurs d’un croquis et d’une explication écrite. Il les avait fait partir l’un après l’autre, afin d’être à peu près sûr qu’un d’entre eux au moins parviendrait à destination : l’unique route conduisant au P. C. du commandant de Maupeou, défoncée par les 380, n’était plus qu’un chapelet de cratères. Les deux hommes avaient reçu la consigne de « passer quand même. » Ils se nommaient Frémery et Van de Weghe. Ils passèrent. Tout de suite la 6e compagnie (lieutenant de vaisseau Le Bigot) partit en soutien des zouaves sur la route de Lombaertzyde et vint occuper les tranchées dites des Flamands (tranchées de 2e ligne creusées à l’Est de la route) où elle établit sa liaison avec la 11e compagnie[1].

En même temps la 8e compagnie du 1er régiment (lieutenant de vaisseau Derrien) venait occuper la tranchée au débouché de Nieuport vers Lambaertzyde. Mais, pour les zouaves, il s’agissait moins de barrer la route à l’ennemi que de le rejeter dans ses tranchées de départ. Ces admirables troupes n’entendaient pas rester sur un échec. Elles voulaient leur revanche et elles l’eurent dès le soir même, aussitôt que la 7e (lieutenant de vaisseau Langlois) et la 8e (lieutenant de vaisseau de Prunières) compagnies du 2e régiment de marins eurent été mises à la disposition des chefs de bataillon Vernois et Prouzergues, du 4e et du 5e zouaves. Les deux compagnies se massèrent dans les tranchées de seconde ligne, et c’est de l’une de ces tranchées qu’en attendant le déclenchement de l’attaque[2] l’enseigne de vaisseau Robert partit seul, en rampant, pour reconnaître un saillant ennemi défendu par une quinzaine d’hommes avec une mitrailleuse (ou un fusil-mitrailleur). Il pousse jusqu’à l’entrée du boyau, y trouve la mitrailleuse française abandonnée par les zouaves et la rapporte sur son dos. Puis, avec deux volontaires, il se jette sur le boyau. Ses deux volontaires sont tués à ses côtés. Robert rentre à plat ventre dans nos lignes, demande des grenades « à tout prix, » repart seul et lance ses

  1. Cette compagnie n’avait cependant là que deux sections et la troisième avait été à tout hasard renforcer la garnison (territoriaux) du Pont-de-Pierre.
  2. CertainS rapports disent au contraire que « la tranchée perdue fut réoccupée sans difficulté, sauf en un point faisant saillant et où s’étaient réfugiés une vingtaine d’Allemands avec un fusil-mitrailleur. » Nous avons suivi la version du rapport Langlois.