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l’attaque, Maupeou avait bondi de sa cagna et on le voyait qui, peu content de donner les ordres nécessaires pour nourrir notre front, pressait, surveillait et cadençait du geste et de la voix la marche des renforts. Il avait l’art de communiquer son entrain aux autres. Mais lui-même, en l’espèce, n’était que l’agent d’exécution d’une volonté supérieure, bretonne elle aussi, mais du type traditionnel, concentrée, silencieuse, fuyant l’éclat, comme le chef qu’elle habitait et qui cachait ses étoiles sous un éternel pardessus noir de civil. Dès une heure de l’après-midi (13 h.), voyant se dessiner la manœuvre ennemie, l’amiral Ronarc’h avait pris en main la direction de la défense et poussé en avant toutes les réserves dont il disposait : les trois compagnies du camp Ribaillet (6e et 7e du 2e régiment, 1re du 1er régiment) et les deux compagnies des fermes Groot-Labeur (4e et 8e du 1er  régiment), étaient successivement dirigées sur les tranchées à l’Ouest de Nieuport, puis sur Nieuport même et remplacées à Ribaillet et à Groot-Labeur par les trois compagnies (1re , 2e, 3e) du 1er  régiment, en réserve au camp Gallimart. Ces renforts venaient grossir ceux que nous avions déjà en réserve à Nieuport (8e et 5e compagnies du 2e régiment ; 7e compagnie du 1er régiment). Par surcroît de précaution, l’amiral dédoublait le commandement de la défense, confiant au « colonel » Paillet (commandant le 2e régiment, qui était le plus fortement engagé) le commandement du sous-secteur Nord et ne laissant au « colonel » Delage (commandant le 1er  régiment) que le commandement du sous-secteur Sud. Le colonel Ancel, qui venait de succéder à la tête de la 76e brigade de zouaves au colonel Capdepont, promu général, prenait des mesures analogues dans son secteur. Le général Hély d’Oissel, de qui dépendaient les deuix chefs et qui avait approuvé leurs dispositions, pouvait croire ainsi sa ligne de résistance assurée de la mer au Polderlied. Et il ne se trompait pas en ce qui concernait la partie de cette ligne occupée par les marins : dès une heure et demie (13 h. 30), une section de la 7e compagnie (lieutenant de vaisseau Ven) du 1er régiment débouchait dans le segment de Nieuwendamme (commandant Bertrand), où d’ailleurs elle n’eut pas à intervenir, et, une demi-heure plus tard, au plus fort de l’action, le commandant de Maupeou pouvait encore diriger par le boyau du Boterdyck deux sections de la 5e compagnie du 2e régiment (lieutenant de