Page:Revue des Deux Mondes - 1919 - tome 52.djvu/444

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

routes. De plus, elles sont en partie inondées ou boueuses, en tout cas peu praticables. Au Sud de la route de la ferme de l’Union, le terrain est de même nature, quoiqu’un peu plus asséché, sauf vers la ferme Terstyle, autour de laquelle l’inondation reparaît. Toute la région est nue et plate. »

À ces difficultés d’ordre géologique s’ajoute la formidable organisation défensive du front allemand dans le coude de l’Yser supérieur et sur l’Yser inférieur même jusqu’à quelques mètres de la maison H, la dernière ruine avancée de notre ligne. Comme nous, l’ennemi a « utilisé tous les ressauts du sol, » — digues et remblais de routes ; sa ligne principale de résistance étant formée par les deux lignes de l’Yser, il l’a flanquée de trois saillants (A, B, C), qui complètent « admirablement » son système de défense : l’un en aval du coude, l’autre à la tête du pont de l’Union, le troisième à la tête du pont de Terstyle à Mannekenswere. Blockhaus, douves, casemates, murs crénelés, carapaces bétonnées pour mortiers et mitrailleuses, postes d’observation, galeries de bombardcmont, tranchées avec pavesade et avant-garde de chevaux de frise, champs de barbelés descendant jusque dans l’Yser, rien ne manque à cette organisation défensive et rigidement articulée entre ses ailes flottantes de marécages. Outre les deux ponts de l’Union et de Terstyle, l’ennemi dispose pour la rapidité de ses mouvements de trois passerelles, d’un pont de bateaux et d’un barrage construit obliquement au vieil Yser ; devant la maison H., sur la rive gauche et la rive droite de l’Yser, il a coupé les digues par un fossé profond, avec postes d’écoute ; il possède un autre de ces postes d’écoute sur la route de Bruges à Saint-Georges, en avant de la ferme W, dont les ruines ont été supérieurement organisées (chevaux de frise, fortin, abri pour mitrailleuses, etc.) et reliées par une défense continue, le long du chemin en remblai, à l’importante ferme de l’Union, crénelée elle aussi et gardée par trois ou quatre lignes d’eau.

Telle est, sommairement décrite, la position qu’il nous faut enlever et qui ne peut être abordée que par l’étroit ruban des digues et des routes qui surplombent l’inondation. Au cours des mois qui précèdent, nous avons subrepticement poussé nos tranchées sur les berges Nord et Sud de l’Yser inférieur, jusqu’à quelques mètres des coupures qu’y a pratiquées l’ennemi ; à l’Est du village de Saint-Georges, nos tranchées descendent