mêlait sa voix d’ouragan À celle des monitors qui bombardaient Middelkerke et Westende. Mais la meilleure défense de la place était la longue et large bande de marécages dont elle s’enveloppait. Encore fallait-il que l’ennemi ne pût l’assécher et ainsi "s’expliquait qu’on eût massé sur ceTte mince presqu’île, dont les écluses réglaient tout le régime de l’inondation, des troupes d’une résistance éprouvée.
Nieuport était, avec Ypres au centre, Arras au Sud, l’une des trois clefs de la Flandre française, l’un des trois sommets de ce triangle idéal où s’inscrivaient Calais et Dunkerque, objectifs éternels de la convoitise allemande. L’ordre était de les défendre à tout prix et de s’en tenir, tout en recherchant l’amélioration et l’élargissement des positions, à cette attitude purement expectante jusqu’au moment où le G. Q. G. jugerait bon de passer à une autre tactique, ce qui ne se produirait certainement pas avant quelques mois. La leçon du 17 décembre avait porté et il commençait à apparaître que la rupture du front allemand, déjà très fortement organisé à cette époque, ne pourrait s’obtenir qu’avec l’aide d’une puissante artillerie dont nous n’avions encore que l’embryon.
L’emploi des troupes de toutes armes du groupement fut réglé en conséquence et on veilla soigneusement à ne point trop le charger. C’est ainsi que, pour la brigade, le nouveau service comportait deux jours seulement de tranchée (le 2e régiment dans le sous-secteur Nord ; le 1er régiment dans le soussecteur Sud), deux jours de cantonnement de réserve (le 2e régiment aux fermes de Groot et Klein-Labeur, sur la route de Wulpen ; le ler régiment dans les caves de Nieuport-Ville), quatre jours en cantonnement de repos (le 2e régiment à Coxyde-Ville ; le 1e régiment à Oost-Dunkerque-Ville). Avec cette répartition judicieuse, le commandant Mauros estimait que « la brigade pouvait tenir longtemps, » bien qu’elle éprouvât « chaque jour quelques pertes qui faisaient, à la fin du mois, un total voisin des pertes qu’eût coûtées une offensive. »
Ces pertes étaient surtout sensibles dans le sous-secteur Nord, où le 3e bataillon du 2e régiment avait remplacé les zouaves du commandant Madelon, et spécialement dans le segment de Lombaertzyde, le plus voisin du front allemand. L’avance de notre ligne, au 7 janvier, avait été poussée sur ce point jusqu’à 3 ou 400 mètres du village, à peu près à la hau-