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L’Allemagne « renonce à ses droits de souveraineté sur l’Alsace-Lorraine, » et se borne à « y désirer un plébiscite libre. » Elle cède à la Pologne « la plus grande partie de la Posnanie, les territoires habités incontestablement par les Polonais et la capitale de Posen. » Elle est prête à lui accorder l’usage, comme ports libres, de Dantzig, Kœnigsberg et Memel, avec l’accès libre à la mer par la Vistule et par les chemins de fer. A la France, elle doit du charbon, et elle est prête à lui en donner, — c’est-à-dire à lui en vendre, — «jusqu’à la réfection des mines françaises. » Mais le charbon seulement, non les mines; ni le sol, ni le sous-sol. « Les parties du Slesvig qui sont en majorité danoises seront cédées au Danemark, à la suite d’un plébiscite. » En échange ou en reconnaissance de quoi, « l’Allemagne demande que le droit de libre disposition soit aussi respecté en faveur des Allemands d’Autriche et de Bohême. » Pour ses colonies, elle est prête « à les soumettre à l’administration en commun de la Ligue des nations, si’ elle est reconnue comme mandataire de celle-ci. »

Mais voici un gros chapitre: les paiements. L’Allemagne est prête’ « à effectuer les paiements lui incombant d’après le programme de paix convenu, jusqu’à la somme maxima de 100 milliards de marks en or, dont 50 milliards en or jusqu’au 1er mai 1926, les 80 milliards en or restants en traites annuelles sans intérêts. » Elle consent à ce-que le « contribuable allemand ne soit pas moins imposé que le contribuable de l’État le plus imposé parmi ceux représentés à la commission des réparations. «Sous la double réserve « qu’elle n’aura pas à faire d’autres sacrifices territoriaux que ceux précités, et qu’elle obtiendra de nouveau toute liberté de mouvement à l’intérieur et à l’extérieur. » En outre, l’Allemagne offre d’apporter « tout son tonnage de commerce à une mise en commun mondiale, de mettre à la disposition des ennemis une partie des cargaisons, qui entrera en ligne de compte pour les dommages à réparer, et de construire pour leur compte, pendant une série d’années, sur les chantiers de construction allemands, un tonnage dont le chiffre dépasse leurs demandes. » Par surcroît, elle est prête à toutes sortes d’obligations secondaires, car le nombre des choses auxquelles elle « est prête » est incroyable, à l’exception de celles qu’on réclame d’elle. Elle est prête surtout à passer l’éponge, à faire comme s’il n’y avait pas eu de guerre, et quelle guerre! comme s’il n’y avait, à cette heure, ni vainqueurs ni vaincus, comme s-i l’Allemagne de demain n’avait qu’à continuer l’Allemagne d’hier. Pour elle, partie perdue, partie nulle. Le coup n’eût compté que si