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récepteur habituel ; ces difficultés provenaient surtout du bruit parasite de l’hélice et du moteur. On les a tournés par divers artifices et notamment par celui-ci qu’ont utilisé les Allemands : le courant de réception de l’antenne de l’avion passe dans un petit fil métallique très fin tendu entre les pôles d’un aimant puissant. Chaque fois que le courant, redressé au besoin par un audion, passe dans le fil, celui-ci (qui constitue avec l’aimant ce qu’on appelle un « galvanomètre à corde ») est déplacé en vertu de l’action bien connue des aimants sur le courant. Or, ce fil recouvre au repos une petite fente lumineuse que l’aviateur observe à travers un viseur à prisme. Chaque fois qu’une onde est reçue, il voit donc la fente lumineuse pendant un temps plus ou moins long qui correspond aux points et traits de l’alphabet Morse. La réception de la T.S.F. à l’oreille est donc remplacée ainsi par une réception à l’œil que le bruit de l’hélice ne peut aucunement gêner.

Une autre application curieuse de la T.S.F. à l’aéronautique de guerre est son emploi pour « faire le point » d’un aéronef, lui faire connaître sa position et diriger sa marche.

Le procédé est assez simple en somme ; il se rattache aux méthodes dites radiogoniométriques (il n’est pas besoin d’être très helléniste pour comprendre ce mot) connues des physiciens dès longtemps avant la guerre. Cette méthode a été utilisée constamment par les zeppelins pour se diriger au cours de leurs raids. Elle est applicable aussi aux avions, et naturellement aux navires munis de T.S.F. qu’elle peut dispenser complètement de « faire le point » par les procédés astronomiques et chronométriques habituels.

Imaginons un aéronef envoyant à un moment donné, d’un point de l’atmosphère, une série continue d’ondes hertziennes par son antenne. Si une station réceptrice située en un point donné recueille ces ondes et a un moyen de savoir de quelle direction elles proviennent, elle saura que l’aéronef est dans cette direction.

Or ce moyen existe : on sait en effet que lorsqu’on se sert, comme antenne réceptrice, d’un fil formant une sorte de cadre fermé, l’intensité de la réception est maxima lorsque ce cadre est orienté dans le plan des ondes reçues et minima dans la direction perpendiculaire. La station réceptrice (admettons que ce soit par exemple la Tour Eiffel) dispose d’une série d’antennes en forme de cadres réglés sur les ondes de l’aéronef, et qu’on peut faire pivoter jusqu’à ce que l’intensité des ondes reçues et écoutées au téléphone soit maxima. Imaginons en outre une seconde station (par exemple