Page:Revue des Deux Mondes - 1919 - tome 51.djvu/932

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

de la science à la guerre, — qui ont véritablement révolutionné la technique militaire, et par elle la tactique elle-même. A côté de la chimie qui, en dehors même de sa veille maîtrise des explosifs, a apporté des engins et méthodes de combat sur lesquelles je reviendrai prochainement, la physique est certainement de toutes les sciences celle qui a le plus transformé le combat, celle qui a le plus contribué à faire qu’un général en chef ou même un simple chef de bataillon de 1914, supposé qu’il ait pu être brusquement transporté au milieu d’une bataille de 1918, eût été à la fois stupéfait et profondément dépaysé.

J’ai déjà eu l’occasion ici même de signaler et d’exposer, — autant que faire se pouvait, — quelques-unes de ces applications belliqueuses de la physique, notamment à propos des tirs à longue portée des Berthas, à propos du repérage des batteries par le son, des sous-marins, de la technique aéronautique, des explosifs, de la recherche électrique des projectiles dans l’organisme, etc.

Il est quelques autres applications physiques, d’un intérêt non moins puissant et dont je voudrais dire quelques mots, maintenant qu’on peut le faire sans inconvénients.

Parlons d’abord de la T.S.F. L’étude en est intéressante du point de vue de la guerre, parce que si l’art de la guerre a profité de la T.S.F. celle-ci a également beaucoup profité de la guerre et un grand nombre de ses perfectionnements récents ont été dus sans doute aux recherches amenées par elle.

A la guerre plus peut-être que dans d’autres domaines, le mot célèbre : « savoir, c’est pouvoir, » est vrai et c’est de là précisément qu’est venue l’importance pour les belligérants de la T.S.F. dont les ondes ont été sur les fronts comme ailleurs le meilleur, et le plus fidèle agent de renseignement, parce que sa portée est infiniment supérieure à celle des1 signaux optiques et acoustiques, et parce que, au contraire des moyens télégraphiques ordinaires, il n’est pas à la merci des vicissitudes d’un bombardement.

On s’est demandé, à propos de la plupart des inventions et des perfectionnements techniques de la guerre, s’ils avaient été plus utiles aux ennemis qu’à nous-mêmes. Certains auront une tendance à penser, que, par suite de la rapide diffusion des progrès techniques de l’un à l’autre belligérant, la balance a dû être égale et que finalement il s’est passé ce qui aurait eu lieu en l’absence de toute invention. Étant donné la faculté remarquable d’adaptation des Allemands et leur talent d’organisation et de mise au point rapide, qui était