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dans sa séance du 5 décembre, vote à l’unanimité la déclaration suivante, qui, présentée par tous les groupes de la Chambre, sera affichée dans toutes les communes d’Alsace et de Lorraine : « Les députés d’Alsace et de Lorraine, issus du suffrage universel et constitués en Assemblée nationale, saluent avec joie le retour de l’Alsace et de la Lorraine à la France, après une longue et cruelle séparation. Nos provinces seront fières de devoir à la Mère-Patrie retrouvée, avec la sauvegarde de leurs traditions, de leurs croyances et de leurs intérêts économiques qui leur a été solennellement garantie par des chefs de l’armée victorieuse, une nouvelle ère de liberté, de prospérité et de bonheur.

« L’Assemblée nationale, préoccupée de ne laisser subsister, ni en France, ni chez les nations alliées, ni chez les neutres ni chez l’ennemi, le moindre doute sur les sentiments véritables des Alsaciens et des Lorrains, constate que l’agitation neutraliste était l’œuvre d’une infime minorité ou d’agents allemands, et déclare solennellement que, fidèle interprète de la volonté constante et irréductible de la population de l’Alsace et de la Lorraine, exprimée déjà en 1871 par ses représentants à l’Assemblée de Bordeaux, elle considère à jamais comme inviolable et imprescriptible le droit des Alsaciens et des Lorrains de rester membres de la famille française. L’Assemblée nationale estime comme un devoir, avant de s’ajourner, de proclamer à son tour la rentrée de l’Alsace et de la Lorraine dans le droit, leur rattachement à la France indiscutable et définitif. »

L’Assemblée qui abdique ainsi sa souveraineté pour n’opposer aucun obstacle à la fusion de la petite patrie dans la grande, est en droit d’attendre la reconnaissance du gouvernement français. Le Président de la République vient à Strasbourg le 9 décembre. Il va à l’Hôtel de Ville et en plein air, sur le Broglie, il harangue la foule. Mais son programme ne comporte pas de visite au palais du Conseil national.

Cependant celui-ci estime que son rôle n’est pas fini. Sans doute il a renoncé au pouvoir législatif. Mais les erreurs qu’il voit commettre de toutes parts lui montrent combien ses avis peuvent encore être utiles. Aussi, le 19 décembre 1918, adresse-t-il cette requête au Président du Conseil :

« Pour ne laisser subsister aucun doute sur ses intentions,