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suis d’autant plus touché que je suis convaincu que c’est par l’alliance fraternelle et militaire de la race slave et de la race française que les principes de justice prévaudront de nouveau dans le monde.

Vous m’avez honoré autrefois de l’envoi de votre journal. Si vous vouliez continuer à me l’expédier, vous m’obligeriez, car je tiens à suivre vos affaires de près.

Croyez à ma cordiale sympathie pour vous et pour votre œuvre.


À Monsieur Bourrelly.
Moncalieri, 29 avril 1871.
Mon cher ami.

Nous sommes toujours dans l’attente, et mon père et Adolphe qui devaient partir ces jours-ci suspendent leur départ jusqu’à ce que cette affaire de Paris se termine. La victoire de Versailles est certaine ; mais elle peut être plus ou moins prochaine ou plus ou moins sanglante.

Tout ce qui se passe est bien trouble et bien triste ; Cependant je ne désespère pas, nous sommes revenus de plus loin. Mais je suis de plus en plus frappé de ce fait que le rogne d’une liberté paisible, ce Vœu permanent de la nation, n’a été empoché que par la révolte des minorités et je me préoccupe de trouver les moyens de sauvegarder les droits sans cesse méconnus de la majorité. En Amérique, il faut protéger la minorité contre l’oppression de la majorité. Chez nous, c’est la majorité qui a besoin de protection contre l’intolérance factieuse des minorités. Si nous ne remédions pas à cela, finis Galliæ. Si je trouve, j’indiquerai le résultat de mes recherches dans un livre à titre de testament politique, car je considère ma carrière active comme close. La haine des partis que j’ai été sur le point de vaincre, ne me pardonnera pas.

Vôtre de cœur.

E. O.

Je crois à l’échec de la Commune, surtout à cause de sa conduite. Elle renonce à la terreur, elle n’en a plus l’audace. Or, comme la terreur a été son origine, sa raison d’être, sa force, comme, sans la fusillade de la place Vendôme, elle mourait dans son berceau, elle est perdue, dès qu’elle abandonne l’auxiliaire qui l’a fait naître et s’établir.