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LA JOURNÉE DU 7 MAI
Á VERSAILLES

Le grand quartier général des armées alliées se trouve actuellement à Versailles, boulevard de la Reine, au « Trianon-Palace, » qui, pendant la guerre, a servi d’hôpital pour les troupes britanniques. C’est là que les délégués allemands ont été convoqués pour connaître les conditions de la paix qu’ils ont demandée après la défaite de l’Allemagne et de tous ses complices autrichiens, hongrois, bulgares et turcs. Cette démarche de l’ennemi battu étant un résultat militaire, que nous devons au courage de nos soldats et à la science de leurs chefs, on a voulu que cette notification, qui est encore un acte de guerre, eût lieu dans un établissement militaire, sous le fanion du maréchal de France, commandant en chef, qui a conduit nos armées à la victoire.

Un poste de chasseurs alpins, en tenue de campagne, garde la grille de l’hôtel. Les consignes sont très sévères. Nul n’est admis au grand quartier général sans une autorisation spéciale et motivée.

Dans la rayonnante beauté de cette journée historique, on dirait que le goût instinctif de notre race suffit à mesurer avec une justesse parfaite l’attitude et l’allure de chacun. La foule ne se plaint pas d’être maintenue à une certaine distance, aux abords du grand quartier général. Elle attend patiemment les hommes d’État qui vont donner une consécration finale aux succès de nos hommes de guerre…

Tout à coup, une acclamation s’élève, douce, affectueuse, profondément touchante à force de sincérité enthousiaste et de discrétion quasi diplomatique. On a reconnu les moustaches blanches, la figure énergique de M. Clemenceau, dans une automobile qui passe entre deux haies de têtes découvertes, de visages souriants, et se