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Le résultat est que la vague d’assaut ne risque plus d’être arrêtée par les îlots de résistance que l’ennemi a pu semer dans le champ des entonnoirs : elle les dépasse, parce que leurs garnisons demeurent impuissantes aussi longtemps que les obus du barrage s’abattent sur elles. Sans doute, une fois que le barrage et la vague ont passé, ces garnisons se reprennent et veulent agir : mais alors elles ont affaire à des équipes spéciales, qui n’ont d’autre tâche que de les réduire et qui sont armées en conséquence : grenadiers VB, grenadiers qui manœuvrent les lance-flammes Schilt ou les appareils Z (gaz asphyxiants). Cependant les vagues d’assaut continuent leur marche.

C’est donc vainement que les Allemands ont imaginé sur la Somme leur système d’organisations invisibles, trous d’obus reliés par des puits à des abris souterrains, tunnels qui recèlent des troupes de contre-attaque, mitrailleuses établies en plein champ : déjà nous avons trouvé la parade et la riposte.


TROISIÈME PHASE : PENDANT L’ANNÉE 1917

Quand s’ouvre l’année 1917, le puissant outil de guerre qu’est l’infanterie française semble atteindre le plus haut point de sa perfection technique. C’est que, depuis plusieurs mois, nous avons enfin réussi à mieux organiser l’instruction des fantassins. Grâce aux Anglais, qui ont progressivement raccourci notre ligne de bataille, nous ne sommes plus forcés, comme en 1915, de maintenir sans fin tous nos hommes ail contact de l’ennemi, misérablement tassés sous les obus dans des tranchées précaires ; et les excès mêmes de la lutte de mines et de la lutte par les gaz nous ont conduits peu à peu, ainsi que les Allemands d’ailleurs, à abriter nos garnisons avancées au fond de sapes et de casemates : d’où une forte économie d’effectifs. Ces centres d’instruction que depuis plus d’un an nous avions créés, mais sans guère réussir à les peupler, voici qu’enfin il nous est devenu possible d’y envoyer régulièrement nos fantassins, de les y faire tous passer à tour de rôle. Au début de 1917,