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50 000 hommes de sa masse de manœuvre. La mission de la cavalerie, arme d’arrière-garde et de sacrifice, était d’accourir au secours des Anglais, de les recevoir sur des secondes lignes, au besoin de s’y substituer à eux. Mais l’infanterie française est faite pour la bataille : Foch n’immobilise pas cinq divisions sur les monts, sans autre intention que de relever des troupes anglaises. S’il a constitué à cet endroit une pareille force, c’est pour en faire quelque chose. Sans doute, ce petit groupement est trop faible pour une action de grande envergure ; c’est juste ce qu’il faut pour la contre-attaque, seule méthode qui vaille pour une défensive active. Le moment paraît bien choisi, à l’heure où les Allemands montrent des signes de fatigue et viennent d’essayer quelques échecs sanglants.

Les Anglais ont rempli leur rôle en usant le premier effort de l’ennemi, mais ils ne sont plus capables eux-mêmes d’offensive. Foch les remplace par des troupes fraîches. Il constitue les forces françaises en un détachement enchâssé dans l’armée Plumer et placé sous les ordres du général de Mitry, un de ses anciens lieutenants sur l’Yser, et qui venait de jouer un rôle très brillant à Moreuil, comme commandant du Vie Corps. Le Détachement d’armée du Nord fonctionne à Esquelbecq le 19 avril. Le troisième acte de la bataille commençait.


III. — LA BATAILLE DU KEMMEL

Nous avons laissé les Allemands le 15 avril au pied des monts, et nous avons vu, les jours suivants, les trois tentatives différentes qu’ils ont faites pour les déborder : le 16 par le Sud-Ouest, en perçant par la route d’Hazebrouck, — c’est l’attaque repoussée par le général Valentin et sa division la Gauloise (133e), accourue aux côtés de la 34e division britannique. Le 17, les Allemands attaquent à la fois par le Nord-Est, en direction de Poperinghe, et par le Sud, en partant de Bailleul-Neuve-Eglise, de manière à former les deux branches d’une pince qui se refermerait sur Ypres : la branche droite se brise à Merckem contre les Helges, qui font 800 prisonniers, la branche gauche contre les Anglais (34e, 49e et 19e divisions). Le 18, nouvelle tentative en partant cette fois par l’Est, de la crête de Wytschaëte : l’ennemi essaie d’aborder le Kemmel ; il échoue devant la 28e division (général Madelin).