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LA BATAILLE
DES MONTS DE FLANDRE
(avril-mai 1918)


I. — LA BATAILLE DE LA LYS (9-16 avril).

La 5 avril, après quinze jours d’une lutte gigantesque, l’offensive allemande s’arrêtait. Le flot, comme disait Foch, venait mourir devant Amiens. La rupture ne s’était pas faite entre l’armée française et l’armée britannique. L’ennemi arrivait sur l’Avre à bout de course, en grand désordre, et offrant sur sa gauche un flanc dangereusement vulnérable dont nous pouvions être tentés de profiter. Le 7 avril, dans la nuit, le bruit du canon se réveillait plus au Nord. Le 9, à huit heures du matin, les Allemands attaquaient sur un front de li> kilomètres, entre la Lys et le canal de la Bassée.

Nous n’avons sur cet épisode excentrique de la campagne, que les Allemands appellent la bataille d’Armentières et les Anglais celle de la Lys, que des renseignements incomplets. A distance, les raisons de cette manœuvre inexplicable ne sont pas plus claires qu’au premier jour. Si ce fut, comme tout porte à le croire, une manœuvre de circonstance, quelles étaient les circonstances à la date du 7 avril ?

Des cinq armées anglaises qui tenaient le front face à l’Est, du saillant d’Ypres à Moreuil, la IVe (Rawlinson) sortait de la bataille fort malmenée, la Ve (Gough) anéantie. Pour tenir sur la Somme, le maréchal Haig avait dû y faire venir douze divisions retirées en hâte du front des Flandres et découvrir sa gauche pour renforcer sa droite. Ces divisions avaient été,