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QUELQUES
GRANDES MINUTES AMÉRICAINES

II[1]


V. — LE GRAND JOUR

Et la voici qui s’inscrit au calendrier, cette date du Deux Avril, destinée à marquer un tournant solennel, un tournant décisif, non seulement dans l’histoire des États-Unis, mais dans l’histoire du monde. Il y a un point de l’espace sur lequel va se concentrer aujourd’hui l’attention frémissante de l’univers, — et c’est Washington. J’ai vécu tous ces temps derniers avec la volonté exaspérée d’être là ! Comment nous y prendrons-nous pour nous procurer des cartes d’admission à la Chambre des Représentants, où s’assemble le Congrès, alors qu’à chacun des « congressmen » il n’en est attribué qu’une, que se disputent naturellement sa famille, ses amis, ses électeurs ? Nous ne savons. Mais nous sommes résolus à tenter la chance : en Amérique, cela réussit neuf fois sur dix. Au pis-aller, s’il ne nous est pas donné de nous glisser parmi les privilégiés du dedans, il nous restera la ressource de nous mêler à la foule du dehors : à défaut de la chose elle-même, nous contemplerons le mur derrière lequel elle se passe. Ce sera une consolation.

Par un caprice aimable de ce climat fertile en contrastes, la matinée s’annonce riante, jolie, vraiment apriline. Un

  1. Voyez la Revue du 15 mai.