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L’EFFORT FRANÇAIS

NOTRE INFANTERIE

II [1]
DEUXIÈME PHASE:


DE VERDUN A LA SOMME

Verdun, bataille d’écrasement, — d’écrasement mutuel. En ce mot se résument tous les récits techniques des journaux de marche, et aussi tant de récits ardents, douloureux, que chacun peut recueillir dans les régiments et qui brillent entre nos mains comme de beaux joyaux sombres. Et ce que ce mot veut dire, le voici.

Les Allemands s’en sont pris à la région la plus paisible de notre front, à la plus redoutable en apparence, à la plus vulnérable en fait, car le renom de puissance de notre grande forteresse avait protégé jusqu’alors ce secteur, semblait devoir le protéger toujours, et c’est pourquoi nous l’avions moins fortement organisé que les autres. Et tandis qu’avertis déjà de leur intention de l’attaquer, nous escomptions pourtant un délai de quelques jours avant leur attaque, car ils n’avaient pas encore entrepris dans leurs lignes les travaux préparatoires, établissement de places d’armes et de parallèles de départ, qui semblaient nécessaires, voici que leur tactique consiste précisément à supprimer de tels préparatifs : sans parallèles de départ,

  1. Voyez la Revue du 15 avril.