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pendant une période de sept ans qui pourra être prolongée de trois ans par ladite commission. Tous les droits et concessions de chemins de fer d’Empire (c’est-à-dire du réseau alsacien-lorrain) passent à la France, sans payement. » La partie V du traité est complétée sur ce point, sur plusieurs de ces différents points, par la partie XII; elle nous apprend notamment ce que sera cette commission centrale du Rhin, qui, en attendant une convention plus générale, reste régi par la convention de Mannheim de 1868. Elle comprendra désormais 19 membres : un président nommé par la France; 2 Hollandais; 2 Suisses; 4 Allemands; 4 Français; 2 Anglais; 2 Italiens; 2 Belges. Bien que nommé par la France, le président ne sera pas obligatoirement français, mais il pourra l’être; et, avec les quatre autres membres qui le seront obligatoirement, la France aura voix prépondérante. Sur le cours même du fleuve, « la France aura le droit de prélever l’eau du Rhin pour ses canaux, irrigations, etc. et d’exécuter les travaux nécessaires sur la rive allemande... La France possédera en outre le droit exclusif à l’utilisation de l’énergie hydraulique du Rhin dans la section du fleuve formant frontière franco-allemande. » Sur le Rhin, l’Allemagne cédera à la France « des remorqueurs et bateaux, ou des parts d’intérêts dans les sociétés allemandes de navigation ; » et, hors de l’Empire allemand, « des établissements, docks, etc. que les Allemands possèdent dans les ports de Rotterdam et leurs parts d’intérêts dans ces établissements (quotité à fixer par des arbitres que désigneront les États-Unis.) » On le voit, ce n’est point une terre nue qui nous revient, ce n’est point un glacis de forteresse; mais on nous la devait bien richement vêtue et parée, en compensation de tant de nos terres dépouillées, ravagées, ruinées peut-être pour toujours.

L’Alsace-Lorraine nous revient ; mais la manière de la conserver? Et la manière de nous préserver? Et la manière de sauver la paix du monde? Ramenons nos regards à la partie V : Clauses militaires, navales et aériennes. Les deux lignes par lesquelles débute le chapitre, dans le résumé, sont du Commentaire, mais nous avertissent que « la section I (clauses militaires) réduit l’armée allemande à une force permanente de police et enlève à l’Allemagne le droit et les moyens de reconstituer une grande armée nationale, » 100 000 hommes seulement, dont 4 000 officiers, les hommes engagés volontairement pour douze ans, les officiers pour vingt-cinq ans au moins ; un armement et des fabrications de matériel de guerre restreints « aux besoins strictement déterminés par les Puissances; » plus de grand état-major; au total, dix divisions, avec deux états-majors de corps