Page:Revue des Deux Mondes - 1919 - tome 51.djvu/474

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.


CHRONIQUE DE LA QUINZAINE.




Le mercredi 7 mai restera comme date historique. C’est l’après-midi de ce jour-là qu’à Versailles, les préliminaires de paix ont été présentés aux plénipotentiaires allemands, qui déjà se disaient « las d’attendre. » Jusqu’à l’heure fatidique, M. de Brockdorff-Rantzau et ses collègues n’ont su du sort de l’Empire allemand que ce que le public en a su : en d’autres termes, presque rien. Ils en ont pu soupçonner quelque chose, que nous-mêmes avons appris par leurs journaux, mais, exactement, ils n’en ont rien su.

Jamais, en somme, secret diplomatique n’avait été aussi sévèrement gardé qu’il l’a été depuis qu’une des propositions du Président Wilson a aboli toute diplomatie secrète. Jamais non plus traité n’avait atteint ces proportions majestueuses. La conférence de Paris a vu grand : elle a fait énorme. Comme cette guerre a été la plus gigantesque qui ait dévasté la terre, cette paix, à son tour, allait être la plus complète. La moitié de l’humanité y étant plus ou moins directement engagée, et toute l’humanité indirectement, rien d’humain ne lui serait étranger. Ce ne serait plus un instrument de paix, mais un monument. Qu’est-ce que les 124 malheureux articles du traité de Munster, ou les 124 de l’acte général du Congrès de Vienne du 9 juin 1815, auprès des 400 ou 450 qu’on nous a finalement donnés, après nous en avoir promis 1 000 ou 1 200? Pourtant, eux aussi, le Congrès de Westphalie et le Congrès de Vienne avaient cru bâtir pour l’éternité. Quelle leçon, que d’en relire aujourd’hui les préambules! Il a été, disait l’un, « consenti unanimement et arrêté qu’il y aura une Paix Chrétienne, universelle et perpétuelle, et une amitié vraie et sincère entre la Sacrée Majesté Impériale et la Sacrée Majesté Très-Chrétienne; comme aussi entre tous et un chacun des Alliés et adhérents de Ladite Majesté Impériale... et que cette Paix