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Pékin et par leurs consuls à Canton, une démarche simultanée auprès du gouvernement régulier comme auprès des révolutionnaires du Sud, et en spécifiant nettement que cette démarche n’était pas un acte de reconnaissance du gouvernement sudiste, pour recommander aux deux adversaires l’oubli de leurs querelles et leur dévouement au bien commun et à la prospérité de la République. Le représentant des sudistes à Canton, Wou-ting-fang, ancien ministre de Chine a Washington, et ancien ministre des Affaires étrangères à Pékin sous la présidence de Li-yuan-hong, accueillit fort bien la démarche des Alliés et se déclara prêt, quant à lui, à faciliter le rapprochement désiré. Il y a donc lieu d’espérer que la Chine pourra recouvrer à bref délai la paix intérieure et l’unité et consacrer toute son activité, ses hautes et précieuses facultés, à l’œuvre commune que les Alliés auront à poursuivre après-guerre avec la même énergie et la même harmonie qui les ont soutenus au cours de la lutte.


VI

La défaite des armées allemandes de la mer aux Vosges et la conclusion de l’armistice du 11 novembre furent célébrées à Pékin et à Tokyo comme la victoire, non seulement du droit et de la justice, mais de la civilisation supérieure dont les Alliés étaient les représentants.

Le Japon, en remplissant au mois d’août 1914 son devoir d’allié de la Grande-Bretagne, la Chine, en répondant aux mois de mars et d’août 1917 à la voix des États-Unis, avaient l’un et l’autre senti avec la sûre divination de l’avenir qu’ils se prononçaient pour la bonne cause, pour celle à laquelle la loi, le destin de l’humanité assuraient le dénouement espéré et voulu. Aucun des deux grands Empires asiatiques ne s’était trompé dans le passé, et dès qu’ils avaient été en contact avec l’Occident, sur le caractère des diverses nations de l’Ouest, sur le rôle qu’elles avaient joué, sur la contribution qu’elles avaient apportée à l’œuvre et au progrès du monde. Depuis le XVIIe siècle la Chine et le Japon, bien qu’enfermés encore dans leur isolement et peu disposes à frayer avec l’étranger, avaient eu la vision lointaine, l’écho déjà perceptible de la puissance britannique et de la grandeur française. Au siècle dernier,