Page:Revue des Deux Mondes - 1919 - tome 51.djvu/305

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

seulement par de faibles arrière-gardes. Les trois régiments marchent à sa recherche, en formations très largement articulées, sur un front de trois kilomètres : ils reprennent le contact à huit kilomètres de leur point de départ : l’ennemi attend aux lisières de Catigny et au long du canal du Nord ; il tient en force les têtes de pont de Catigny et de Béhancourt. Sur cette ligne de résistance, solidement organisée, le combat s’engage le 29 août, et bientôt les deux infanteries s’emmêlent inextricablement, en sorte qu’il nous est impossible soit de bombarder la première ligne allemande, soit de ramener aussitôt en arrière les fantassins, que les mitrailleuses ennemies prendraient trop facilement sous leurs feux. Il faut attendre la nuit pour ordonner leur repli et le lendemain pour les envoyer de nouveau, cette fois abrités par un barrage roulant, à l’assaut de Catigny.

Ils emportent le village, après un combat de rues, forcent les passages du canal du Nord, prennent Chevilly. Au soir de cette rude journée du 30 août, ils sont arrêtés aux lisières du bois du Chapitre, que garnissent des réseaux de fil de fer et des nids de mitrailleuses. D’ailleurs, la 165e division a progressé plus rapidement que les divisions voisines, lesquelles n’ont pu encore franchir le canal du Nord ; trop en flèche et violemment contre-attaquée, elle évacue Chevilly dans la nuit. Elle le reprend le lendemain 31, par une vraie bataille rangée, qui se prolonge très avant dans la nuit. Il faut employer les deux jours suivants à regrouper nos unités et à préparer une seconde attaque sur le bois du Chapitre : la division s’en empare le 3 septembre.

La nuit venue, l’ennemi, qui a beaucoup souffert, se dérobe. Couverts par des patrouilles de cavalerie, nos fantassins se remettent en marche, le 4, atteignent et dépassent Guiscard. En fin de journée, leurs avant-gardes se heurtent à nouveau à une position normalement organisée en secteur défensif : les Allemands tiennent sous leurs feux la ligne des crêtes au Nord et à l’Est de Guiscard, et c’est seulement le 6 septembre, après deux jours d’âpres combats, que la division, ayant pris Buchoire et Berlancourt, pourra avancer jusqu’à la Neuville-en-Beine, à 3 kilomètres plus loin. Le lendemain, 7 septembre, elle recommencera la poursuite, pour atteindre, en une étape de 9 kilomètres, ce canal Crozat que cinq mois plus tôt