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au général Pellé, dont le corps d’armée (1re division de cavalerie, 9e et 10e divisions d’infanterie) cantonnait près de Compiègne, de porter aussitôt ses forces en zone britannique, dans la région Noyon-Saint-Simon ; il leur avait adjoint presque aussitôt une quatrième division, la 125e. Dès le 22 mars, il décide que le général Humbert, commandant de la IIIe armée, alors à Clermont-sur-Oise, prendra le lendemain sous ses ordres le corps Pellé, et plusieurs autres divisions qui viendront en renfort. Le 23, il commence à alerter les forces qui, confiées au général Debeney, iront assister les Anglais, de Montdidier à Amiens. Le 23 au soir, il désigne le général Fayolle pour prendre, depuis Chauny jusqu’à Péronne, la conduite de toute la bataille. Ainsi, « au bout de quelques heures, on vit apparaître sur la ligne de bataille les casques bleus de France ; au bout de quelques jours, vingt divisions françaises auront relevé sur un front considérable, de Noyon au Sud d’Amiens, nos alliés épuisés[1]. »

Ici comme ailleurs, ne pouvant songer à décrire les combinaisons stratégiques des chefs et les mouvements d’ensemble des armées, mais cherchant seulement à représenter par un exemple unique et limité l’effort de tant de corps de troupes, nous suivrons l’une de ces quatre divisions du groupement Pellé qui, les premières investies en ces jours de la redoutable « mission de sacrifice, » se montrèrent pareillement dignes d’une telle investiture ; et ce sera de préférence la 9e division qui nous fournira l’exemple requis, parce que nous avons eu nos raisons peut-être, durant quarante-deux mois, de regarder vers elle avec une angoisse particulière et un orgueil particulier,

Aux ordres du général Gamelin, la 9e division a reçu son ordre d’alerte près d’Estrées-Saint-Denis, le 22 mars, à quatorze heures. Elle a acheminé aussitôt vers Guiscard ses trois régiments d’infanterie, le 4e, le 82e et le 329e. Ils y débarquent dans la soirée, sans artillerie : l’artillerie divisionnaire (30e régiment d’artillerie de campagne, 5e groupe du 105e régiment d’artillerie lourde) ne pourra rejoindre que dans la nuit du

  1. Voir dans la Revue du 15 juillet 1918, p. 254 à 266, sous la signature X, l’importante étude intitulée La bataille entre Somme et Oise, 21 mars-6 avril. On y trouvera, sur le mécanisme de l’intervention française, d’abondants et précieux renseignements, que nous n’avons pu résumer ci-dessus que très imparfaitement.