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réfractaire à ce genre d’éloquence, certaines formules qui, en réunion publique, ne manquent jamais leur effet. Parlant de la prochaine conférence de Washington, qui aura lieu dans quelques mois, l’orateur socialiste y remarque d’ores et déjà « un certain nombre de sièges vides. » Or, M. Vandervelde propose que « tous les prolétariats soient représentés » bientôt à cette conférence internationale où, l’automne prochain, « il n’y aura vraisemblablement pas encore de représentants des puissances, qui sont encore des puissances ennemies. » En ce qui concerne ces « puissances ennemies, » la commission prévoit leur « incorporation aussi rapide que possible » à l’organisme projeté… Achevant sa harangue par des considérations plus personnelles, M. Vandervelde ajoute : « Je suis convaincu, pour ma part, que ce sont les nécessités de la protection du travail, de la législation industrielle, des problèmes qui vont surgir devant nous, qui seront un des facteurs les plus puissants de cette réconciliation complète des peuples, à laquelle il aspire de toutes les forces de mon âme et de mon cœur. » Et il y aurait beaucoup à dire, si c’en était ici le lieu, sur ce programme et sur l’avenir qu’il nous promet.

Le lieutenant Mantoux traduit ce discours en anglais. Ensuite, Mme Barzilaï, lord Sinah, le maharajah de Bikanir, représentant « des princes régnants en dehors de l’Inde britannique, » M. de Bustamante, délégué de Cuba, les représentants de la Bolivie, de l’Equateur, de Panama nous entretiennent, tour à tour, de la question sociale.

Finalement, sir Robert Borden, premier ministre du Canada, demande avec raison que « la convention aujourd’hui présentée se conforme au pacte de la Société des Nations. » L’ordre du jour étant épuisé, la séance est levée. Et les délégués des puissances, grandes ou petites, ayant ainsi travaillé à la paix perpétuelle, s’empressent de rejoindre, dans la cour du palais, leurs autos militaires.


GASTON DESCHAMPS.