Page:Revue des Deux Mondes - 1919 - tome 51.djvu/198

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

faibles ne sont qu’une proie et qu’un gibier. Il a montré « un des derniers et des plus tristes exemples » de ces déprédations et de ces carnages dans les actes récents de l’Allemagne, « aujourd’hui heureusement vaincue. « Il a constaté que le système de l’Allemagne n’est autre qu’une méthodique « extermination des populations, » comme au temps où Tacite résumait d’un mot la rapacité des envahisseurs d’outre-Rhin ; Germanos ad prædam… Il nous a fait voir, en termes saisissants, l’Allemagne cherchant à s’emparer du territoire des peuples de l’Europe « pour y établir des colonies européennes, » comme elle a fondé ses colonies africaines par le massacre et par la dévastation. M. Wilson a conclu énergiquement : « Ce système doit finir ! ».

En l’absence de M. Lloyd George, qui, dans la séance du 25 janvier, a insisté d’une façon particulièrement pathétique sur la nécessité de poursuivre les auteurs responsables de la guerre et de punir leur « sauvagerie organisée, » lord Robert Cecil recommande à l’assemblée l’observance des règles qui garantissent la souveraineté intérieure ainsi que la sécurité extérieure de chaque nation. « Nous n’avons pas cherché, dit-il, à faire un édifice complet et parfait… Nous avons voulu poser des fondations solides, sur lesquelles on puisse bâtir. » M. Orlando se lève, afin de défendre d’avance contre « les attaques des sceptiques » le « document de liberté et de vie » auquel il a eu l’honneur de collaborer. Très prévoyant, du resté, le ministre italien ne se dissimule pas les difficultés que suppose la conciliation de la souveraineté des États, — « superlatif qui ne supporte aucune comparaison ni relation, » — avec « la nécessité d’une limite supérieure imposée à la conduite de ces mêmes États. » Il voit la solution de cette antinomie dans la « coercition spontanée, » que les Anglais appellent self-contraint et dans le contrôle d’une opinion publique incessamment tenue en éveil par une diplomatie franche et loyale. M. Léon Bourgeois, se félicitant de l’unanimité qui s’est faite, dans la commission et en séance plénière, sur les principes de la future Société des Nations, observe pourtant « qu’il va de soi que nous gardons notre liberté entière d’appréciation, d’amendement au besoin sur les points qui nous paraîtraient, lors de la discussion définitive, devoir être soumis de nouveau à un examen. » Le délégué français se