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CHRONIQUE DE LA QUINZAINE.




On continue à connaître très peu de chose de ce que fait la Conférence de la paix, et à n’apprendre, par des démentis officiels aux journaux, que ce qu’elle ne fait pas. Où en est-elle ? Ce qu’avaient préparé les comités d’études, proposé les sous-commissions, ce que les commissions avaient fait, et ce que les Cinq avaient défait, comment les Quatre le refont-ils ? C’est un grand secret ; mais on nou assure qu’il faul tout ce mystère pour qu’il n’y ait plus dans le monde une ombre de gouvernement autocratique et que les peuples possèdent enfin la libre disposition d’eux-mêmes. Dans ces ténèbres, nous allons tâcher de cheminer, en suivant à tâtons le long des murs les quelques fils ou bouts de lil que la main sévère de la censure n’a point arrachés. Nous considérerons comme vrai ce qu’elle n’a pas proclamé faux, en le laissant passer, puisqu’elle lit tout, et comme acquis ce qu’elle n’a pas désavoué. D’ailleurs, sur les trois ou quatre questions qui seront, ici, aujourd’hui touchées, nous nous occuperons moins de ce que la Conférence a fait que de ce qu’elle aurait pu ou dû faire. Nous ne prendrons ses communiqués que pour ce à quoi ils sont bons, pour servir de cadres, dont il n’est pas difficile d’apercevoir le vide, et de préférence parler de ce dont on nous dit qu’elle aparté. Parce qu’elle nous prive de la satisfaction d’entendre ses voix intérieures, fortes ou persuasives, ce n’est pas une raison de ne pas essayer, tandis qu’il en est temps encore, de lui faire entendre les voix, maintenant éteintes, mais demain redevenues puissantes, et peut-être formidables, du dehors.

Le plus convenable est de nous régler d’après ce qui apparaît ou plutôt transparait de la démarche du Conseil des Quatre. Car il nous est né, cette quinzaine, un Conseil des Quatre chefs d’État ou de gouvernement qui se sont eux-mêmes délégués à la Conférence comme premiers plénipotentiaires de leurs pays respectifs. Les voici désormais