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d’observer l’enfant sans troubler son repos, tout en conservant l’isolement complet.

La température de chaque cellule se règle extérieurement, au moyen de radiateurs. Enfin, des cellules spéciales d’isolement ont été réservées dans cet hôpital aux maladies contagieuses, particulièrement à celles où l’état du malade s’aggrave notablement par le seul fait de son transport.

Il n’existe pas, au Secours de guerre, d’hôpital pour les adultes, mais seulement de vastes salles d’observation où les hommes d’une part, les femmes de l’autre, sont confortablement installés en attendant que le médecin puisse établir son diagnostic et ordonner, s’il y a lieu, le transport à l’hôpital. Trois médecins-majors assurent ce service, assistés de trois infirmières-majors et d’un nombre important d’infirmières tant bénévolesque professionnelles. Le service d’hygiène a enfin été complété par une buanderie à vapeur, dotée de tous les appareils en usage à l’industrie du blanchissage. On se rendra compte de l’importance d’une telle organisation au Secours de guerre lorsqu’on saura qu’il n’y a jamais moins de huit cents draps de lit à laver par jour.

Le corps médical tout entier a le plus grand intérêt à connaître les résultats remarquables obtenus par l’organisation sanitaire du Secours de guerre. Elle a fait avancer d’un grand pas l’étude des questions d’hygiène dans les grands centres. Récemment, M. le docteur Roux, directeur de l’Institut Pasteur, qui vient de présider à la création d’une école de prophylaxie des maladies contagieuses, frappé delà simplicité des méthodes employées au Secours de guerre et des résultats acquis, a prié la Direction de l’Œuvre d’autoriser la création à Saint-Sulpice de cours pratiques et théoriques de désinfection. C’est le plus bel hommage que l’on puisse rendre à tant d’efforts.

Il faut insister, en effet, sur ce fait que, durant toute la guerre, s’il s’est produit au Secours de guerre comme ailleurs un certain nombre de cas de maladies contagieuses, ces cas ont toujours été localisés, et à aucun moment n’ont pris le caractère épidémique. On est frappé en particulier de ce fait qu’en 1918, lors de l’épidémie de grippe infectieuse, connue sous le nom de grippe « espagnole, » sur un total de 24 500 personnes hospitalisées au Secours de guerre pendant les mois de septembre et octobre, 364 cas ont été constatés ; le nombre des décès a été de 14, moyenne de beaucoup inférieure à celle de la mortalité dans tous les établissements publics et même